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« Washi » : le papier japonais

Culture

Le papier japonais fait à la main washi, est encore fabriqué à travers tout le Japon. En 2014, trois des plus importants types de washi ont été inclus dans la liste du Patrimoine immatériel de l’humanité de l’Unesco.

Du papier résistant utilisé pour écrire, dessiner et bien plus

Le papier traditionnel japonais fait à la main est connu sous le nom washi. Il est légèrement translucide et possède une texture subtilement irrégulière qui est agréable au toucher. Solide, absorbant et léger, les utilisations du washi s’étendent au-delà de l’écriture et du dessin. Les portes coulissantes classiques shôji sont faites avec du washi, mais aussi les lanternes, telles que celles des stands de nourriture yatai, les différents éclairages d’intérieur, les éventails pliables et les parapluies traditionnels. Au cours de l’époque d’Edo (1603-1868), la production de papier solide fait main a permis aux estampes ukiyo-e gravées sur bois de se développer jusqu’à ce qu’elles occupent une place centrale dans la culture populaire japonaise.

Les estampes ukiyo-e ont été faites en utilisant du washi. Ci-dessus une estampe d’Utamaro (1753-1806).

Depuis des siècles, le washi a aussi été apprécié au-delà des frontières de l’Archipel. Le peintre hollandais Rembrandt travaillait déjà avec du washi vers 1650, bien avant que le japonisme se répande dans toute l’Europe. Pablo Picasso et Marc Chagall ont également été parmi les artistes à tomber sous le charme du papier japonais. Ses nombreuses propriétés, entre autres sa solidité et sa durabilité, en ont également fait un élément essentiel de nombreux projets de préservation d’œuvres d’art. Il a notamment été utilisé lors de la restauration des fresques du Vatican.

L’art de la fabrication artisanale du papier est arrivé au Japon de la Chine avec le bouddhisme. Le papier était essentiel pour reproduire les écritures. Grâce à l’influent régent et prince Shôtoku (574-622) la nouvelle religion s’est propagée à travers tout le Japon, et le papier en a fait de même. Durant l’époque de Heian (794-1185), le Japon a développé son propre procédé de fabrication du papier, le nagashizuki. Dans cette méthode, une planche en bois est à plusieurs reprises plongée dans un liquide contenant des fibres végétales. Il est ensuite doucement remué afin de répandre le liquide uniformément, ce qui permet de lier les fibres et de créer un papier résistant aux déchirures. Par comparaison, le papier japonais produit à la machine est adapté à l’écriture et à l’impression, mais est plus vulnérable aux déchirures et se décolore plus facilement.

Vidéo : fabrication du papier washi [EN]

Le washi au patrimoine mondial

Le washi est le plus souvent fabriqué à partir d’un de ces trois matériaux : kôzo (mûrier à papier), mitsumata et ganpi. Le produit final varie en fonction du matériau utilisé et de la région de fabrication.

Le 27 novembre 2014, l’Unesco a ajouté le washi à sa liste du Patrimoine immatériel de l’humanité. Parmi les nombreux styles de washi, Sekishû-banshi de la préfecture de Shimane, Hon-Mino-shi de la préfecture de Gifu et Hosokawa-shi de la préfecture de Saitama ont été sélectionnés pour figurer sur la liste. Ces trois types de papier sont fabriqués en utilisant du kôzo, dont les longues fibres permettent d’obtenir une plus grande translucidité que mitsumata et ganpi. Aucun décolorant ou produit chimique n’est utilisé au cours du processus de production : le washi ne jaunit pas au contact de la lumière du soleil. Au contraire, les rayons ultraviolets le rendent plus blanc. L’Unesco a indiqué que la transmission de génération en génération des techniques de fabrication traditionnelles a été l’une des raisons de l’inclusion du washi sur la liste du Patrimoine immatériel de l’humanité.

Kôzo (à gauche), mitsumata (au centre) et ganpi (à droite) sont les plantes les plus couramment utilisées pour faire du washi.

Possibilités créatives du washi

Le washi fait à base de kôzo est fréquemment utilisé pour le papier shôji, le papier d’emballage kakegami et le papier à gravure. Il peut également être renforcé pour être utilisé pour les travaux d’artisanat ou de reliure. Les papiers chiyogami et yûzenshi, imprimés avec des motifs de kimono, sont utilisés comme papier d’emballage et origami.

Des lumières « Akari » créées par Isamu Noguchi

Le papier japonais est très populaire à l’étranger auprès des amateurs de produits artisanaux. Au Japon, le masking tape de style washi connaît une forte popularité. Le masking tape était autrefois un simple ruban adhésif utilisé pour les travaux de peinture, mais l’ajout de motifs colorés l’a transformé en un article de papeterie essentiel. Il permet d’apporter une touche personnelle et kawaii aux agendas et aux cartes de vœux.

Tout comme leurs ancêtres, les artistes contemporains ont exploré les possibilités créatives du washi. Le créateur de mode Issey Miyake a utilisé le washi pour produire une gamme de textiles innovants. Isamu Noguchi l’a également incorporé dans plus de 200 designs de ses sculptures lumineuses Akari. Le réalisateur de Twin Peaks, David Lynch, commande du papier japonais sur mesure pour faire des lithographies.

La fabrication du washi jouit de plus d’un millénaire d’histoire et de tradition japonaises. Tout en suscitant un regain d’intérêt à l’étranger, la reconnaissance de l’Unesco encourage les artisans à continuer de fabriquer du washi selon les méthodes ancestrales.

(Voir également notre article : « Washi », le papier japonais qui dure mille ans)

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