Le b.a.-ba du Japon

« Tsukimi », la contemplation de la pleine lune

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La contemplation de la pleine lune est une coutume très ancienne au Japon. La pleine lune d’automne est particulièrement belle, et des fêtes pour célébrer cet astre sont organisées dans toutes les régions du pays.

En automne au Japon, il est coutume d’admirer la pleine lune en reconnaissance pour les moissons du riz et en prière pour des récoltes abondantes. En guise de décoration, on prépare entre autres des boulettes de riz sucrées appelées dango et des roseaux à plumets susuki.

La pleine lune apparaît le 15 de chaque mois dans l’ancien calendrier luni-solaire. La contemplation de la lune le soir du 15 du huitième mois (septembre dans le calendrier actuel) est appelée jûgoya no tsukimi ou « admiration de la lune de la nuit du 15 ». (Pour l’année 2023, cette fête tombe le 29 septembre.)

L’ancien calendrier luni-solaire, basé sur le parcours de la lune pour déterminer les mois, a été utilisé jusqu’en 1873. Dans ce calendrier, l’automne allait du septième au neuvième mois, et le 15 du huitième mois tombant juste au milieu, le 15 août, était appelé chûshû ou la mi-automne. Vers le milieu de l’automne, dans l’hémisphère nord, la pleine lune apparaît dans le ciel à l’endroit le plus propice à sa contemplation. L’air est limpide et le clair de lune est de toute beauté. La nuit du 15 porte donc le nom spécial de chûshû no meigetsu, « belle lune de la mi-automne » ou « lune des moissons ».

La coutume de regarder la lune le 15 du huitième mois luni-solaire a commencé en Chine, à partir de l’époque de la dynastie Tang (618-907) et elle a été transmise au Japon. À l’époque de Nara (710-794) et à celle de Heian (794-1185), les gens de la noblesse célébraient la pleine lune en organisant des banquets durant lesquels ils jouaient de la musique et composaient des poèmes. Durant l’époque d’Edo (1603-1868), cette coutume se répand parmi le peuple. Les fêtes d’automne avec leurs offrandes de riz nouveau se sont amalgamées à la célébration de la nuit du 15, jûgoya, pour devenir un événement en l’honneur d’une récolte abondante.

Banquet organisé par l’empereur Godaigo (1288-1339) au palais impérial de Yoshino. Peinture de Yôshû Chikanobu (© Collection numérique de la Bibliothèque Nationale de la Diète)

Les décorations à l’occasion du tsukimi

L’endroit choisi pour admirer la pleine lune, véranda de bois ou fenêtre, est appelé tsukimi-dai. On y place en offrande des boulettes tsukimi-dango et des taros, on le décore d’un bouquet de roseaux susuki et on attend que la lune fasse son apparition. Ces offrandes et décorations, dites tsukimi-kazari, sont différentes selon les régions.

1. Les boulettes sucrées tsukimi-dango

Les dango ronds, évoquant la forme de la pleine lune, se sont popularisés. De plus, la rondeur est de bon augure, et l’on pensait autrefois que manger des boulettes sucrées était bon pour la santé et apportait le bonheur. Les boulettes sont au nombre de 15, comme la date de la pleine lune, soit de 12 pour les douze mois de l’année. Ils sont dégustés après avoir été présentés en offrande.

2. Les roseaux miscanthus susuki

De cinq à dix roseaux susuki, dont la forme des plumets rappelle celle des épis de riz et symbolise les céréales, sont utilisés pour la décoration.

3. Le taro

Comme son rhizome se multiplie et produit à lui seul beaucoup de tubercules, le taro est présenté en offrande pour appeler la prospérité de la descendance.

4. Les céréales d’automne

Des fèves de soja vertes edamame, des châtaignes et des potirons sont offerts en signe de gratitude pour l’abondance des récoltes.

Les lapins pilant le riz

Depuis les temps anciens, au Japon, l’on voit dans les ombres de la lune des lapins pilant le riz pour en faire des gâteaux mochi, d’après une légende bouddhiste transmise dans l’Archipel et selon laquelle des lapins habitent la lune. Il y a également homophonie du mot mochizuki, car il peut signifier à la fois « pleine lune » et « piler le riz » pour en faire des gâteaux mochi.

Les nouilles tsukimi udon et soba

On utilise souvent le mot tsukimi pour désigner un plat dans lequel a été rajouté un œuf, dont le jaune symbolise la lune. Il existe même depuis tout récemment des « hamburgers tsukimi », où la viande est surmontée d’un œuf au plat.

Événements de saison

De nombreux événements sont organisés dans les sanctuaires, les temples, les jardins et les établissements commerciaux entre la fin septembre et le début novembre pour célébrer la lune des moissons.

1. Tour de Tokyo

Les illuminations du haut et du bas de la tour sont éteintes pour admirer la lune. L’escalier extérieur d’environ 600 marches, qui est d’ordinaire fermé au public le soir, est ouvert spécialement pour l’occasion. L’idéal pour admirer la lune en grimpant jusqu’à 150 mètres de hauteur. (Voir notre article : La tour de Tokyo, emblème de la capitale nippone)

2. Château de Himeji

Une fête est organisée au château de Himeji (ville de Himeji, préfecture de Hyôgô), inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco et désigné comme trésor culturel du Japon. Des représentations artistiques traditionnelles sont proposées, dont un orchestre de tambours japonais, des étals proposant des oden, du saké de terroir et des tsukimi dango, ainsi qu’un espace pour la cérémonie du thé. Des téléscopes sont également mis en place pour mieux admirer la pleine lune.

3. Tokyo Skytree

Un événement pour admirer la pleine lune est organisé dans la tour Skytree, avec concert de jazz entre autres.

4. Jardin Sankei-en

L’heure de fermeture du jardin Sankei-en (ville de Yokohama) sera reculée et les bâtiments historiques du parc, dont la pagode à trois étages, sont illuminés.

5. Sanctuaire d’Ise

Un événement avec lecture des plus beaux poèmes tanka et haïku sélectionnés dans toutes les régions du Japon et spectacles de danse et de musique de cour sont organisés au sanctuaire d’Ise (ville d’Ise, préfecture de Mie).

(Photo de titre : des tsukimi-dango et des roseaux susuki en décoration pour célébrer la lune. © YsPhoto/Pixta)

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