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Le château de Himeji : le plus grand donjon féodal du Japon

Tourisme Histoire

Le château de Himeji, dans la préfecture de Hyôgo, est une étonnante relique du riche passé féodal du Japon. Désigné comme trésor national et site du patrimoine culturel de l’Unesco, son donjon central et ses autres caractéristiques étonnantes en font l’un des plus remarquables édifices du pays.

Le château de Himeji est une forteresse majestueuse construite au XVIIe siècle dans la ville du même nom (située dans la préfecture de Hyôgo, au centre du pays). Gigantesque tant en terme d’échelle que de beauté, c’est l’un des châteaux les plus admirés et les mieux préservés du Japon. Pour toutes ces raisons, il a été désigné comme trésor national, et inscrit au patrimoine culturel de l’Unesco. Perché tout en haut de la cité, sa forme élégante a inspiré des comparaisons poétiques avec les oiseaux aux plumes blanches : c’est pour cette raison que son épithète le plus connu est shirosagi-jô, le « château du héron blanc ».

Le château de Himeji flotte au-dessus de la ville animée. Le complexe tentaculaire est situé à près d’un kilomètre de la gare de Himeji, qui a un pont d’observation depuis lequel les passagers peuvent admirer le donjon.
Le château de Himeji flotte au-dessus de la ville animée. Le complexe tentaculaire est situé à près d’un kilomètre de la gare de Himeji, qui a un pont d’observation depuis lequel les passagers peuvent admirer le donjon.

Le pont de Sakuramon marque l’entrée du parc Himeji, qui contient les vastes terrains du château. Le donjon principal et les autres structures centrales se tiennent à près de 450 mètres de là, autour des chemins sinueux qui mènent vers l’édifice.
Le pont de Sakuramon marque l’entrée du parc Himeji, qui contient les vastes terrains du château. Le donjon principal et les autres structures centrales se tiennent à près de 450 mètres de là, autour des chemins sinueux qui mènent vers l’édifice.

Un chef-d’oeuvre d’architecture

Le bâtiment le plus tape-à-l’oeil du château de Himeji est son daitenshu, le donjon principal (dai signifie « grand » et tenshu « donjon »). Il est le plus grand parmi les 12 seuls châteaux construits avant le XVIIe siècle qui ont conservé leur donjon d’origine. Le daitenshu aux murs de bois blancs mesure 31,5 mètres de haut et possède sept étages, incluant la cave en pierre qui sert de base et qui lui confère une hauteur totale de 46,3 mètres. Il est flanqué de trois kotenshu, des donjons secondaires plus petits reliés par des passages couverts appelés watari-yagura, et tous ces bâtiments sont désignés comme trésors nationaux.

Le domaine du château comprend 83 structures, rien que ça ! On compte ainsi des tourelles, des remparts et d’autres éléments architecturaux, dont nombre d’entre eux ont été nommés au patrimoine culturel. Au sommet de la colline Himeyama de 45 mètres, le château de Himeji domine le paysage aux alentours, avec l’interaction des toits et des avant-toits, offrant aux observateurs une apparence différente selon l’angle de vue.

Le donjon principal et le donjon Ouest. Vu de près ou de loin, le château de Himeji offre un panorama impressionnant.
Le donjon principal et le donjon Ouest. Vu de près ou de loin, le château de Himeji offre un panorama impressionnant.

La vue depuis le parc Otokoyama Haisui-ike au nord-ouest du château révèle le donjon principal ainsi que les trois secondaires : à partir de la gauche, le donjon Est, le donjon Inui et le donjon Ouest.
La vue depuis le parc Otokoyama Haisui-ike au nord-ouest du château révèle le donjon principal ainsi que les trois secondaires : à partir de la gauche, le donjon Est, le donjon Inui et le donjon Ouest.

Un des passages couverts reliant le château aux donjons secondaires.
Un des passages couverts reliant le château aux donjons secondaires.

Les murs extérieurs du donjon, les couloirs ainsi que les joints des tuiles du toit sont recouverts d’un type de plâtre blanc appelé shiro-shikkui, qui protège le château contre le feu tout en ajoutant à la beauté de la structure. Depuis l’achèvement de la construction du château de Himeji dans sa forme actuelle, au début de l’époque d’Edo, il n’a jamais été attaqué, ni ravagé par un incendie. Ainsi, ce splendide édifice est resté relativement intact malgré son illustre âge.

Le château a cependant connu certains moments critiques. Lors du violent renversement du shogunat au milieu du XIXe siècle, les forces fidèles à l’empereur auraient tiré deux coups de canon sur le château. Les troupes shogunales d’occupation ont alors pacifiquement cédé le contrôle, épargnant à la forteresse une attaque plus violente. De même, le château de Himeji est miraculeusement sorti indemne de la dévastation de la Seconde Guerre mondiale malgré les bombardements intensifs des Alliés qui ont rasé la ville environnante. Il s’est également montré étonnamment résistant aux fréquents séismes qui ébranlent le Japon, évitant en grande partie les dégâts du tremblement de terre dévastateur de Kobe en 1995.

Le plâtre blanc appliqué autour des tuiles du toit ajoute au lustre général du château.
Le plâtre blanc appliqué autour des tuiles du toit ajoute au lustre général du château.

La porte Hishi, qui mène vers la deuxième partie du château (ninomaru) dissimule des capacités défensives sous ses splendides atours, notamment les « trous meurtriers » depuis lesquels les défenseurs peuvent lancer des roches sur les attaquants, ou les transpercer avec leurs lances.
La porte Hishi, qui mène vers la deuxième partie du château (ninomaru) dissimule des capacités défensives sous ses splendides atours, notamment les « trous meurtriers » depuis lesquels les défenseurs peuvent lancer des roches sur les attaquants, ou les transpercer avec leurs lances.

Le passage des grands seigneurs

Le château de Himeji n’était au départ qu’un modeste fort construit par le samouraï Akamatsu Norimura au début de la période Muromachi (1333-1568). Son fils Sadanori a par la suite décidé d’agrandir la fortification pour en faire un château, puis d’autres membres de la famille Akamatsu ont ensuite participé à la construction de la structure. Le château, alors connu sous le nom de Himeyama, passera sous le contrôle des clans Kodera puis Kuroda avant d’être finalement cédé au seigneur de guerre Toyotomi Hideyoshi en 1580. En utilisant de nouvelles techniques architecturales, Hideyoshi a renforcé le donjon, y compris en construisant des remparts en pierre, des tourelles et un donjon de trois étages. C’est pendant cette période que la forteresse est devenue connue sous le nom de Himeji.

Un mur de pierre construit par Kuroda Kanbei, l’un des lieutenants de Toyotomi Hideyoshi, avant que ce chef de guerre ne prenne résidence au château.
Un mur de pierre construit par Kuroda Kanbei, l’un des lieutenants de Toyotomi Hideyoshi, avant que ce chef de guerre ne prenne résidence au château.

Après sa victoire à la bataille de Sekigahara en 1600, Tokugawa Ieyasu a nommé son gendre, le daimyô Ikeda Terumasa, en tant que seigneur du château. Ce dernier a considérablement développé le travail de ses prédécesseurs, ajoutant des tourelles et d’autres éléments au domaine afin de renforcer les défenses et la beauté de la forteresse. La construction a été achevée en 1609, donnant au château de Himeji sa forme actuelle.

Le donjon principal, entouré par les donjons secondaires, surplombe les jardins Nishinomaru.
Le donjon principal, entouré par les donjons secondaires, surplombe les jardins Nishinomaru.

Des réparations et des rénovations ont été effectuées par les seigneurs suivants, notamment la rénovation de la basse-cour ouest (nishinomaru) et le renforcement des planchers et des colonnes du donjon principal. Cependant, un édit shogunal délivré à la suite du deuxième siège d’Osaka en 1615 interdisait aux daimyô d’agrandir les châteaux, tandis qu’un autre limitait les possessions des seigneurs régionaux à un château par domaine (ce qui a entraîné la destruction d’environ 400 donjons à travers le pays). Toutes ces restrictions ont fait du domaine rénové de Himeji l’une des dernières grandes forteresses construites au Japon, traversant les âges en tant qu’exemple éclatant de l’architecture des châteaux de l’époque.

Himeji a été inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco en 1993 en reconnaissance de son importance culturelle, devenant ainsi le premier château japonais à recevoir cet honneur. Il a été rejoint par Nijô (Kyoto) en 1994, puis par Shuri (Okinawa) en 2000, bien que tous deux aient été inclus dans une liste plus large de monuments historiques et non individuellement comme Himeji.

Le parc de Shiromidai est désigné comme l’un des 10 meilleurs endroits pour voir le château de Himeji.
Le parc de Shiromidai est désigné comme l’un des 10 meilleurs endroits pour voir le château de Himeji.

Un complexe impénétrable

Le chemin labyrinthique qui mène au château révèle son formidable système de défense. Il s’agit de ses cercles concentriques kuruwa, des enceintes avec des murs solides en pierre et en plâtre, et des passages étroits et sinueux avec des trous régulièrement espacés appelés hazama pour tirer sur les éventuels assaillants.

Les trous circulaires, rectangulaires et triangulaires permettant aux défenseurs de tirer avec des pistolets à mèche (teppô) et d’autres armes pour faire face aux ennemis.
Les trous circulaires, rectangulaires et triangulaires permettant aux défenseurs de tirer avec des pistolets à mèche (teppô) et d’autres armes pour faire face aux ennemis.

Le Ninomon, ou la « seconde porte », bloque un passage étroit menant au donjon principal, afin d’empêcher son assaut par une force trop nombreuse.
Le Ninomon, ou la « seconde porte », bloque un passage étroit menant au donjon principal, afin d’empêcher son assaut par une force trop nombreuse.

Les murs du château ont des styles un peu différents en fonction de la période à laquelle ils ont été érigés, et la plupart datent des gouvernances d’Ikeda, de Hideyoshi ou de Honda Tadamasa. La légende raconte que lorsque Hideyoshi a commencé à construire le donjon principal, les ouvriers n’avaient pas assez de pierres pour terminer le travail. Le seigneur de guerre s’est alors tourné vers la ville, ordonnant aux habitants de lui remettre autant de pierres qu’ils le pouvaient. En réponse à cet appel, une femme âgée et pauvre est arrivée et a offert sa meule très usée. Touché par ce geste, Hideyoshi a fait placer la pierre, connue sous le nom d’ubagaishi, à un emplacement d’honneur à la base du donjon. L’histoire s’est rapidement répandue parmi la population qui a été inspirée pour offrir des pierres en abondance, permettant ainsi l’achèvement des travaux.

Le côté ouest de l’enceinte Bizenmaru offre un bel exemple du style de mur en pierre ôginokôbai construit par Ikeda Terumasa. Partant d’une base large, la structure en pierre monte abruptement, s’affinant près du sommet pour donner l’apparence d’un éventail ouvert (ôgi). L’effet incurvé est esthétiquement plaisant tout en rendant le mur extrêmement difficile à escalader. De telles techniques défensives, soigneusement calculées, ont valu au château de Himeji la réputation d’être impénétrable.

La base du donjon principal, avec à son côté une petite porte dont les murs ont été construits en appliquant différentes couches d’un matériau proche du béton, constitué de sable, de terre et d’autres matières.
La base du donjon principal, avec à son côté une petite porte dont les murs ont été construits en appliquant différentes couches d’un matériau proche du béton, constitué de sable, de terre et d’autres matières.

La célèbre pierre ubagaishi tient sa place d’honneur.
La célèbre pierre ubagaishi tient sa place d’honneur.

Un bâtiment en pierre construit dans le style ôginokôbai, ressemble à un éventail ouvert et inversé.
Un bâtiment en pierre construit dans le style ôginokôbai, ressemble à un éventail ouvert et inversé.

Forteresse sur la colline

Le joyau de la couronne du château de Himeji est son donjon principal. Une idée fausse concernant les châteaux japonais est que les seigneurs résidaient dans la tour centrale. Ce n’était en vérité le cas que quand l’édifice était attaqué. Sinon, les daimyô vivaient dans des résidences beaucoup plus confortables, en dessous du donjon. Au château de Himeji, celles-ci étaient situées dans la troisième basse-cour (sannomaru) et dans celle de l’ouest (nishinomaru), bien que ces structures n’aient pas réussi à subsister jusqu’à aujourd’hui.

L’intérieur de l’ôtenshu a été construit pour la défense, notamment les fenêtres et les plateformes surélevées permettant de lancer des pierres sur les assaillants. Les différents étages sont connectés par des escaliers abrupts.
L’intérieur de l’ôtenshu a été construit pour la défense, notamment les fenêtres et les plateformes surélevées permettant de lancer des pierres sur les assaillants. Les différents étages sont connectés par des escaliers abrupts.

Un mur pour stocker les armes tels que les lances et les fusils à mèche, qui pouvaient ainsi être rapidement récupérées.
Un mur pour stocker les armes tels que les lances et les fusils à mèche, qui pouvaient ainsi être rapidement récupérées.

Le site à l’intérieur de la baie ouest où la résidence de Honda Tadatoki et sa fiancée Senhime, petite fille de Tokugawa Ieyasu, se sont autrefois tenues.
Le site à l’intérieur de la baie ouest où la résidence de Honda Tadatoki et sa fiancée Senhime, petite fille de Tokugawa Ieyasu, se sont autrefois tenues.

Plus les étages du donjon sont élevés, plus ils deviennent étroits. Le dernier offre par ailleurs une vue panoramique sur les terrains du château et la ville environnante, en plus d’abriter un petit sanctuaire appelé Osakabe.

Les visiteurs peuvent également observer les sommets des deux grands piliers en bois principaux, le higashi-ôhashira et le nishi-ôhashira. Mesurant 24,6 mètres de long, ils soutiennent le donjon depuis près de 350 ans. Visibles depuis la fenêtre du donjon, plusieurs shachihoko, des créatures imaginaires représentant un poisson à tête de tigre, sont censées protéger le château contre les incendies et autres calamités.

Le higashi-ôhashira (à l’avant-plan) et le nishi-ôhashira (près des escaliers) au troisième étage du donjon.
Le higashi-ôhashira (à l’avant-plan) et le nishi-ôhashira (près des escaliers) au troisième étage du donjon.

Le nishi-ôhashira a connu des réparations étendues entre 1956 et 1963, et une partie du pilier a été remplacée. La section originelle est exhibée au square Sannomaru.
Le nishi-ôhashira a connu des réparations étendues entre 1956 et 1963, et une partie du pilier a été remplacée. La section originelle est exhibée au square Sannomaru.

Explorer le vaste complexe du château et les zones adjacentes demande un certain temps, mais déambuler représente une formidable opportunité de découvrir l’architecture traditionnelle et d’autres trésors culturels. Parmi les sites qui valent le coup d'œil autour du château, on trouve le magnifique jardin japonais Kôko-en et le parc commémoratif Shirotopia, offrant une vue splendide sur Himeji.

Un shachihoko surplombe le château de Himeji.
Un shachihoko surplombe le château de Himeji.

Le sanctuaire Osakabe au dernier étage du donjon principal.
Le sanctuaire Osakabe au dernier étage du donjon principal.

Le château de Himeji observé depuis le parc mémorial de Shirotopia.
Le château de Himeji observé depuis le parc mémorial de Shirotopia.

L'édifice illuminé à la tombée de la nuit.
L’édifice illuminé à la tombée de la nuit.

Le château de Himeji

  • Addresse : 68 Honmachi, Himeji-shi, Hyôgo-ken
  • Horaires : 9 h – 17 h (dernière entrée à 16 h, étendue à 17 h du 1er juin au 24 septembre)
  • Fermeture : les 29 et 30 décembre
  • Tarifs : adultes 1 000 yens, écoliers et collégiens 300 yens
  • Accès : à 15 minutes à pied depuis les gares JR Himeji et San‘yô Himeji et à 5 minutes à pied depuis l’arrêt de bus Himeji-jô Ôtemon Mae sur la ligne de bus Shinki.

(Reportage, texte et photos de Nippon.com)

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