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Le patrimoine mondial de Hagi : explorer le berceau du Japon moderne
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Une promenade à travers le temps
Hagi, chef-lieu du clan Chôshû, est une ville en plein essor durant les années du shogunat. Vers la fin de l’époque d’Edo (1603-1868), ce clan s’est allié avec celui de Satsuma pour prendre la tête d’un mouvement œuvrant à renverser le gouvernement militaire des Tokugawa et redonner le pouvoir à l’empereur. Après la Restauration de Meiji, de nombreux postes importants du nouveau gouvernement se trouvent occupés par des natifs de Chôshû qui travaillent à la modernisation du Japon et intègrent Hagi dans leurs projets.
Cette ville a su garder tout le charme d’une ancienne cité-château après le transfert du chef-lieu du clan Chôshû vers la ville de Yamaguchi à la fin du shogunat. Même les cartes anciennes restent exactes encore à ce jour. Une promenade dans les anciens quartiers permet d’admirer les vieilles maisons aux revêtements de stuc blanc. Pour les amateurs d’histoire, c’est quasiment un saut dans le temps vers une époque révolue.

À Hagi, le quartier de Kikuya Yokochô a été habité par plusieurs grands personnages de la Restauration de Meiji, tel que Takasugi Shinsaku.
Un point de départ idéal pour la visite est le Meirin Gakusha, établissement primaire construit sur le site de Meirin-kan, l’ancienne école du clan Chôshû. Il a été transformé en musée et lieu d’expositions en 2017, autour d’un centre des visiteurs du patrimoine mondial de Hagi.
Les cinq sites inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco, sous l’appellation « Sites de la révolution industrielle Meiji », sont éparpillés à travers la ville. Nous vous emmenons à la découverte de chacun d’entre eux.

Le bâtiment principal du Meirin Gakusha est classé Bien culturel important.

Une exposition au Centre des visiteurs du patrimoine mondial de Hagi

Le Yûbi-kan, l’école du clan pour les arts martiaux utilisant des sabres et lances, faisait partie du Meirin-kan.
La ville-château de Hagi
L’ancienne ville-château de Hagi est située sur un delta à l’embouchure du fleuve Abu, et comprend trois parties : les ruines du château de Hagi, les anciennes résidences de samouraïs, et enfin le quartier marchand.
Le château de Hagi se trouvait au nord-ouest du delta, face à la mer du Japon, au sommet du mont Shizuki (143 mètres d’altitude). Entouré de la mer sur trois côtés et adossé à la montagne, il bénéficiait de fortifications naturelles. Il est aujourd’hui en ruines.

Les ruines du château de Hagi font maintenant partie du Parc Shizuki du château de Hagi.

Vue sur le mont Shizuki et les douves du château à partir des ruines du donjon.

Les Môri, chefs du clan Chôshû, sont vénérés au sanctuaire de Shizuki.
L’ancien quartier des samouraïs, situé au sud-est des ruines du château, était le centre politique et administratif de la ville. Les belles maisons aux grands portails sont entourées de hauts murs le long du fleuve. On y trouve encore plusieurs exemples de kaimagari, des rues avec des chemins à angles droits qui servaient à mieux défendre la ville en bloquant la perspective des envahisseurs et les ralentissant. Cette architecture était typique de la période des Provinces en guerre (Sengoku). Le quartier est riche en découvertes, et on peut y admirer Kita no sô-mon, la plus grande porte du type « kôrai-mon » au Japon, et visiter le musée de Hagi.

Le portail de l’ancienne résidence de la famille Fukuhara, des vassaux importants du clan Chôshû.

Le kaimagari de Hiyako, à proximité de plusieurs résidences importantes.
C’est au sein du quartier marchand que l’on trouve les résidences des commerçants et des samouraïs des classes inférieures. Les amateurs d’histoire seront comblés en partant sur les traces de figures emblématiques de la Restauration de Meiji, tels Kido Takayoshi et Takasugi Shinsaku. Le quartier invite aussi à faire une pause dans ses nombreux restaurants de fruits de mer, cafés et boutiques de souvenirs.
La ville se trouvant face à la mer, le clan Chôshu mettait l’accent sur les défenses côtières. L’arrivée des navires noirs du commodore Perry a suscité du ressentiment contre les étrangers, et le clan Chôshû a pris le devant en s’équipant rapidement d’équipements militaires occidentaux, comme des navires de guerre et de l’artillerie.

L’ancienne résidence de Kido Takayoshi, l’un de architectes de la Restauration de Meiji.

Une statue de Takasugi Shinsaku dans un parc au sud de Kikuya Yokochô. Son lieu de naissance se trouve à proximité.

D’illustres boutiques proposent entre autres de découvrir la poterie locale, appelée Hagi-yaki.

Vue sur le mont Shizuki à partir de la plage de Kikugahama
Qui est Yoshida Shôin ?
L’un des personnages qui a le plus influencé les chefs de la Restauration de Meiji est Yoshida Shôin (1830-59), intellectuel et éducateur. Doté d’une intelligence rare, il est enseignant-assistant à seulement 9 ans dans les sciences militaires à l’école Meirin-kan, puis il y devient professeur à 19 ans. À 20 ans, il part voyager sans permission et se trouve éjecté du clan Chôshû. À 25 ans, il essaie de monter à bord de l’un des navires noirs de Perry mais son plan échoue.
Yoshida avoue son acte et se trouve emprisonné à Hagi. À 27 ans, il est assigné à résidence chez lui. Il y donne des cours et finit par ouvrir une école, Shôka Sonjuku, où il enseigne la pensée confucéenne, la stratégie militaire, et l’histoire aux jeunes du quartier dans l’optique de « vénérer l’empereur et chasser les barbares » (sonnô jôi).
Le bâtiment de Shôka Sonjuku existe toujours et se trouve dans le terrain du sanctuaire de Shôin, de l’autre côté du fleuve Matsumoto, en face de l’ancienne ville-château. La maison de famille des Yoshida, où il a été emprisonné et donné des cours, est également sur le même site. Les deux bâtiments sont inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco.

Le sanctuaire de Shôin est dédié à Yoshida Shôin.

L’école Shôka Sonjuku, fondée en 1857

La maison de la famille Yoshida, où Shôin était confiné dans une pièce de moins de six mètres carrés.
Yoshida n’a que 30 ans lorsqu’il est exécuté par le shogunat à Edo en 1858 dans le cadre de la Purge d’Ansei. Celle-ci visait la répression du soutien pour le souverain et le maintien de la politique isolationniste.

La salle de classe de Shôka Sonjoku a formé de nombreux patriotes qui ont brillé dans le monde.
Parmi les élèves de Yoshida qui ont poursuivi sa cause et guidé le Japon vers l’ère moderne, le plus connu est Itô Hirobumi. Bien que né dans une famille de paysans pauvres, le père d’Itô est adopté par une famille militaire de rang inférieur, ce qui a fait de lui un samouraï en nom. Par contre, il n’a pas accès aux privilèges du rang, et Hirobumi doit suivre les cours à Shôka Sonjuku de l’extérieur.
En 1863, Itô reçoit l’ordre du clan de partir poursuivre ses études en Angleterre, avec Inoue Kaoru et plusieurs autres. À son retour, il prend le parti d’ouvrir le Japon à l’Occident. Il lève une armée avec Inoue et les autres, et prend le pouvoir au sein de son clan, montrant son savoir-faire par l’achat d’armes occidentales et la mise en place de relations diplomatiques avec d’autres clans. Après la Restauration de Meiji, il occupe plusieurs postes importants dans la nouvelle administration avant de devenir le premier Premier ministre du Japon en 1885. Son ancienne résidence et sa villa se situent au sud du sanctuaire Shôin et se visitent aussi.

La statue d’Itô, en porcelaine de Hagi (Hagi-yaki), se dresse à côté de son ancienne demeure.

L’ancienne villa d’Itô a été démontée et transférée du quartier de Shinagawa, à Tokyo, jusqu’à Hagi. Elle regorge de détails sur sa vie.
Le four à réverbère de Hagi
Les trois autres sites de Hagi inscrits au patrimoine mondial ont tous été établis afin d’assurer l’acquisition d’armes occidentales.
Le four à réverbère de Hagi est situé à environ un kilomètre du sanctuaire Shôin. Construit en 1856, il s’agit d’une première tentative de produire des canons à l’occidentale. La défaite de la Chine aux mains des anglais lors des guerres de l’opium et l’arrivée des navires noirs du commodore Perry avaient sensibilisé le clan Chôshu à la nécessité de renforcer ses défenses côtières. La tentative échoue et le clan abandonne son projet de construire de gros canons, mais le site demeure un témoignage important des efforts, parfois voués à l’échec, du Japon de l’époque pour se moderniser à l’occidentale.

Le four à réverbère, désormais situé dans un parc, est aussi classé site historique national.
Le chantier naval d’Ebisugahana
En 1856, le clan Chôshu ouvre un chantier naval à Ebisugahana, sur la côte, pour la construction de navires occidentaux. Le Heishin Maru, un navire de la marine destiné à l’entraînement et au transport est lancé la même année. Un autre navire, le Kôshin Maru est armé en 1860 mais il est coulé par les Américains lors de la bataille de Shimonoseki. Une fois renfloué er réparé, il sert à protéger le fief de Chôshu durant l’expédition punitive du shogunat.
Là où le Heishin Maru est construit selon des techniques navales russes, le Kôshin Maru bénéficie du savoir-faire néerlandais. Ebisugahana est le seul chantier naval qui subsiste de la fin de l’époque d’Edo, et les vestiges de deux techniques différentes de construction navale rendent le site encore plus précieux.

Cette digue en pierre à Ebisugahana est antérieure à la construction du chantier naval.

Les ruines du site de la construction du navire Kôshin Maru
L’aciérie tatara d’Ôitayama
Le métal nécessaire à la production de clous, d’ancres, et autres commodités pour la construction des navires était produit à l’aciérie d’Ôitayama, avec la technique appelée tatara. Cette méthode traditionnelle pour la production du fer utilise du charbon de bois pour faire fondre du sable de fer. Le besoin en bois de l’aciérie était tellement important que les forêts avoisinantes risquaient d’être rapidement déboisées, et cela demanderait environ 50 ans pour les restaurer. Pour maintenir la production, le clan Chôshu a donc construit à travers son fief plusieurs aciéries qui étaient exploitées en alternance.
C’est l’aciérie tatara d’Ôitayama qui a rendu possible la construction de navires japonais. Ses ruines sont un testament de l’utilisation de techniques traditionnelles japonaises pour aboutir au savoir-faire occidental.

Les ruines de l’aciérie tatara d’Ôitayama

Une salle d’exposition proche du parking permet aux visiteurs de découvrir les techniques de fabrication de l’époque.
Ainsi, la visite des sites du patrimoine mondial de Hagi permet de découvrir le haut niveau du savoir-faire des guerriers et des artisans du clan Chôshû.

Les visiteurs du Meirin Gakusha peuvent se faire photographier avec les fameux « Cinq de Chôshu », qui partirent clandestinement en Angleterre pour rapporter la connaissance occidentale.
(Textes et photos de Nippon.com)