[Galerie photo] Le sanctuaire d’Izumo, le lieu où se réunissent les dieux

Culture

Le grand sanctuaire d’Izumo (Izumo Taisha), que les Japonais considèrent comme un lieu extrêmement sacré, est déjà mentionné dans la chronique la plus ancienne du Japon, le Kojiki (Chronique des faits anciens), qui date du VIIIe siècle et qui relate la fondation du pays et les mythes auxquels elle est liée. D’après ce texte, c’est là qu’une fois par an les myriades de divinités du panthéon shintô se réunissent pendant un mois. Mais pourquoi avoir choisi de se retrouver dans ce lieu en particulier ? Peut-être y a-t-il une réponse parmi les photos que nous vous proposons ici !

« Shinkoku est le nom sacré du Japon. Shinkoku, le Pays des Dieux ; et dans tout Shinkoku, il n’y a pas d’endroit plus sacré que la terre d’Izumo. » Voilà ce qu’on peut lire dans Glimpses of Unfamiliar Japan  (« Pèlerinages japonais », 1894) de Lafcadio Hearn (1850-1904), l’écrivain irlandais né en Grèce qui, après voir parcouru le monde, est venu s’installer au Japon où il a fini par obtenir la nationalité japonaise et prendre le nom de Koizumi Yakumo. Il a a laissé de nombreux écrits qui constituent un précieux témoignage sur le Japon traditionnel à une époque où l’Archipel était en train de s’occidentaliser et de s’industrialiser à toute vitesse.

(Voir notre article sur le sujet : Le voyage de Lafcadio Hearn au cœur de l’esprit japonais)

Lafcadio Hearn est arrivé au Japon en 1892 et il y est resté jusqu’à sa mort. Il s’est installé à Matsue, dans la préfecture de Shimane. Matsue, une cité féodale dotée d’un superbe château qui a conservé son donjon d'origine, se trouve non loin du grand sanctuaire d’Izumo. Lafcadio Hearn a décrit cette partie du Japon comme « un lieu où les gens vivent en compagnie des dieux ». Il est l’un des premiers occidentaux à avoir pu pénétrer dans l’enceinte d’un des sanctuaires les plus vénérés du Japon.

Pour ma part, j’ai visité le sanctuaire d’Izumo à d’innombrables reprises et à chaque fois, j’ai été saisi par l’atmosphère très particulière qui y règne. Le paysage se transforme en permanence, en fonction du moment de la journée ou de la saison, mais la présence des kami (les divinités du shintô) qui vivent dans ce site naturel grandiose est toujours palpable. Être en communion avec les divinités (kami), c’est rester en harmonie avec la nature. Respecter la nature, vivre en symbiose avec elle, c’est l’un des fondements de la mentalité japonaise, parfaitement incarné par le grand sanctuaire d’Izumo.

Izumo Taisha est le lieu où, chaque année, se réunissent les kami de tout le Japon pendant le dixième mois du calendrier lunaire. En 2013, le pavillon principal du grand sanctuaire d’Izumo a été rénové, une tradition qui se répète tous les soixante ans. Le sanctuaire renaît périodiquement à l’identique, comme les saisons qui se renouvellent régulièrement, sans jamais cesser d’exister.

Voici quelques-unes des nombreuses photographies que j’ai prises au fil des visites qui m’ont amené, jour après jour, au sanctuaire d’Izumo. Je souhaite de tout cœur qu’elles vous permettront de sentir l’atmosphère hors du temps due à la présence des kami qui règne dans ce lieu.


La corde sacrée (shimenawa) gigantesque qui orne le kaguraden (palais de la danse) du Izumo Taisha symbolise à elle seule le sanctuaire. C’est la shimenawa la plus grosse du Japon : longueur 13,5 mètres, poids 4,4 tonnes.


Le dernier jour de l’année coïncide avec la célébration du Ôharae (Grande purification) qui est censée éliminer toutes les impuretés (kegare) de l’année.


Les nouveaux pavillons du grand sanctuaire d’Izumo qui sont reconstruits tous les soixante ans.


La plage d’Inasa. Elle se trouve à l’ouest du sanctuaire d’Izumo et joue un rôle important dans les mythes de la fondation du Japon.


Un cortège de desservants shintô dans l’allée centrale bordée de pins (matsu no sandô) du sanctuaire. À l’arrière-plan, on aperçoit le haiden, le pavillon où ont lieu les célébrations.


Le pavillon principal (honden) du sanctuaire d’Izumo est de type taisha zukuri, le style architectural le plus ancien du Japon.


Le premier portique (torii) situé à l’entrée du sanctuaire, avec à l’arrière-plan le mont Misen.


Le desservant principal (gûji) du sanctuaire et ses assistants se saluent avant de procéder à une célébration.


Dans les sanctuaires shintô, les cordes sacrées (shimenawa) marquent la limite entre le monde ordinaire et celui des kami. Le shimenawa que l’on voit ici est celui du pavillon des célébrations (haiden) du grand sanctuaire d’Izumo.


Le 3 janvier de chaque année, une célébration propitiatoire a lieu devant le haiden.


Les jeunes filles chargées du culte des divinités du sanctuaire (miko) exécutent des danses pour invoquer les kami et leur exprimer leur gratitude.


Les superbes épis de faîtage (chigi) du sanctuaire d’Izumo dressent leur élégante silhouette vers le ciel, dans un cadre de verdure aux couleurs printanières.


La divinité tutélaire du sanctuaire est transférée dans le sanctuaire nouvellement reconstruit, accompagnée par les sonorités paisibles des flûtes et des tambours.


Le desservant du sanctuaire et ses assistants se dirigent en procession vers le haiden. Ils sont munis d’ombrelles et de lanternes traditionnelles japonaises.


Coucher de soleil sur Bentenjima, une île située au milieu de la plage d’Inasa.

(Texte et photographies : Nakano Haruo)

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