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Sentiment anti-japonais et camps d’internement : les migrations nippones aux États-Unis

Histoire International

En 2024, le Japon commémore le centenaire de la loi Johnson-Reed qui a verrouillé toute immigration japonaise aux États-Unis. Quelles furent les vagues de migrations de Japonais vers le territoire américain ?

2024, cent ans ont passé depuis la loi Johnson-Reed. Cette loi promulguée le 26 mai 1924 et entrée en vigueur le 1er juillet de cette même année visait à interdire l’entrée des migrants asiatiques sur le territoire américain. L’augmentation rapide du nombre de migrants venant notamment du Japon, avait en effet généré des tensions sur le marché de l’emploi et accentué les tensions interethniques, mais cette loi — également appelée loi sur l’immigration — a été surnommée loi d’exclusion des Japonais, car elle visait particulièrement les migrants en provenance de l’Archipel.

Petite histoire des relations migratoires Japon-États-Unis

1841  Nakahama Manjirô, également connu sous le nom de John Manjirô, est l’un des premiers Japonais à entrer sur le territoire des États-Unis. Il a été recueilli par un baleinier américain suite au naufrage de son bateau de pêche.

1853  Le commodore Matthew Perry, de la marine américaine, arrive près d’Edo (l’actuelle Tokyo) avec sa flotte dans l’intention de faire sortir le Japon de son isolationnisme commercial.

1854  Signature du traité de paix et d’amitié entre le Japon et les États-Unis.

1868  Eugene Miller Van Reed aide 153 Japonais à migrer dans le royaume de Hawaï dont il est le consul général.

Début des années 1900  La menace du « péril jaune » associé à la venue de migrants issus de pays d’Asie du Nord-Est est brandie et se répand aux États-Unis.

1908  En vertu du Gentlemen’s Agreement conclu entre les deux pays, le Japon cesse d’envoyer des travailleurs aux États-Unis.

1913  Une loi promulguée en Californie et en Arizona interdit aux migrants japonais d’acheter ou de posséder des terres dans ces États.

1924  La loi Johnson-Reed met fin à toute immigration en provenance du Japon.

1941  Suite à l’attaque japonaise de Pearl Harbor à Hawaï, qui fait entrer les États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale, le FBI rassemble et arrête les représentants de la communauté japonaise issus de la première génération (issei) de migrants.

1942  Le président Franklin D. Roosevelt signe le décret 9066 qui décide de l’internement en camps d’Américains (ou de toute personne) d’ascendance japonaise.

1944-46  Fermeture des dix camps américains où ont été internés les personnes d’origine japonaise.

1970  Début du mouvement de réparation. Les Américains d’origine japonaise demandent des excuses au gouvernement américain pour l’internement abusif dont ils ont été victimes en temps de guerre.

1988  Le président Ronald Reagan signe la loi sur les libertés civiles qui accorde des réparations aux personnes internées à tort par le gouvernement américain durant la Seconde Guerre mondiale.

Source : chronologie établie par Nippon.com sur la base des informations fournies par le Japanese American National Museum.

Selon le Japanese American National Museum, le nombre de migrants japonais aux États-Unis (Hawaï compris) a régulièrement augmenté à partir de 1868 pour atteindre les 6 000 personnes environ en 1895. Le Japon qui sort victorieux de la guerre russo-japonaise de 1904-1905 suscite des craintes, les Occidentaux s’inquiètent de l’émergence de cette nouvelle puissance asiatique. En Californie et en Arizona, une série de lois est promulguée pour interdire aux migrants japonais de posséder des terres dans ces États.

Dans les années 1920, le mouvement anti-japonais prend de l’ampleur. Le Congrès américain promulgue la loi Johnson-Reed interdisant toute immigration en provenance d’Asie, cette loi d’exclusion du Japon reçoit la signature du président Calvin Coolidge. C’est un coup dur pour tous ceux qui comme l’entrepreneur Shibusawa Eiichi, Nitobe Inazō ou le secrétaire général adjoint de la Société des Nations appelaient à la coopération entre les deux pays. En réaction, le sentiment anti-américain prend de l’ampleur au Japon.

Emplacement des camps d’internement pour personnes d’ascendance japonaise aux États-Unis

Le 7 décembre 1941, la marine impériale japonaise lance sur Hawaï l’attaque surprise de Pearl Harbor qui va pousser les États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale. L’année suivante, le président américain Franklin D. Roosevelt signe le décret 9066 qui débouche sur l’internement des Américains (et autres personnes) d’ascendance japonaise, qui sont alors catégorisés en ennemis de la Nation. Au total, dix camps sont construits aux États-Unis et 125 000 personnes y sont internées.

Dans les années 1970, la communauté nippo-américaine lance le mouvement de réparation, afin d’obtenir des réparations pour internement abusif en temps de guerre. Ce mouvement porte ses fruits en 1988, le président Ronald Reagan signe alors la loi sur les libertés civiles, le gouvernement états-unien présente ses excuses et accorde des réparations.

Évolution du nombre d’Américains d’ascendance japonaise

Les statistiques du recensement des États-Unis montrent que le nombre de personnes revendiquant des origines japonaises ou okinawaïennes (Américains déclarant des origines multiples compris) sont en augmentation (+ 24 % entre 2011 et 2022). En revanche, le nombre d’Américains déclarant uniquement des origines japonaises ou okinawaïennes est en déclin, passant de 766 079 personnes en 2010 à 741 544 en 2020.

(Photo de titre : Américains d’origine japonaise attendant en gare à Los Angeles avant d’être emmenés au camp de Manzanar en 1942. © Bridgeman Images/Reuters)

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