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Le monde merveilleux des comptines et des chansons enfantines japonaises

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Les enfants de tous les pays du monde ont un répertoire de chansons et de comptines bien à eux. Dans l’article qui suit, nous vous invitons à découvrir et à écouter quelques unes des ritournelles préférées des petits Japonais.

Les chansons de « L’oiseau rouge »

Entre 1918 et 1936, la revue pour enfants « L’oiseau rouge » (Akai tori) a publié pour la première fois une bonne partie des chansons enfantines japonaises les plus connues. Jusque-là, les habitants de l’Archipel s’étaient transmis de génération en génération des comptines (warabe uta) associées à des jeux ou à des apprentissages. Mais à partir de la parution de Akai tori, des écrivains et des musiciens ont commencé à travailler ensemble en vue de créer des chansons enfantines plus élaborées appelées dôyô.

C’est ainsi qu’un nouveau répertoire est né de la collaboration de poètes de grand renom de l’époque, notamment Kitahara Hakushû (1885-1942), Saijô Yaso (1892-1970) et Noguchi Ujô (1882-1945), ainsi que de compositeurs célèbres, dont Yamada Kôsaku (1886-1965) et Nakayama Shinpei (1887-1952).

Après la Seconde Guerre mondiale, le mot dôyô a pris un sens plus large quand les programmes de musique scolaires y ont inclus non seulement des chansons traditionnelles mais aussi des chants plus anciens élaborés par le ministère de l’Éducation japonais et bien entendu débarrassés de toute connotation militaire.

Des histoires de glands et d’éléphants

Les paroles des chansons enfantines de type dôyô sont par définition faciles à comprendre et elles ont souvent pour thème les animaux, la famille et la nourriture. Les dôyô les plus populaires sont, dans bien des cas, consacrés à la nature et en particulier aux quatre saisons. « Fleurs de cerisiers, fleurs de cerisiers » (Sakura sakura) évoque le moment privilégié de la floraison de la fleur emblématique du printemps. « La septième nuit » (Tanabata sama) fait référence à la fête des étoiles du Bouvier et de la Tisserande célébrée le 7 juillet, au cœur de l’été. « Qui a trouvé le petit automne ? » (Chiisai aki mitsuketa) est un hymne à la saison des feuillages dorés. « Coucher de soleil, crépuscule » (Yûyake koyake) annonce la fin de la journée. Et « Le Nouvel An » (O-shôgatsu) est lié au début de l’année.

« Roule, roule, le gland… » (Donguri korokoro)

Paroles d’Aoki Nagayoshi, musique de Yanada Tadashi

Donguri korokoro, donburiko
Oike ni hamatte, saa taihen
Dojô ga dete kite, konnichi wa
Botchan, issho ni asobimashô

Roule, roule, le gland...
Qui tombe dans l’étang. Ah…
Arrive une loche. « Bonjour !
Et si on jouait ensemble petit gland ? »

Donguri korokoro, yorokonde
Shibaraku issho ni asonda ga
Yappari oyama ga koishi to
Naite wa dojô o komaraseta

Roule, roule, le gland... tout heureux,
Il joue un instant puis,
Songeant à sa montagne bien-aimée,
Il se met à pleurer.
Et la loche ne sait plus que faire.

« Petit éléphant » (Zôsan)

Paroles de Mado Michio, musique de Dan Ikuma

Zô-san, zô-san
Ohana ga nagai no ne
Sô yo, kaa-san mo
Nagai no yo

Petit éléphant, petit éléphant
Comme ton nez est long !
Oui, c’est vrai,
Celui de Maman aussi !

Zô-san, zô-san
Dare ga suki na no
Ano ne, kaa-san ga
Suki na no yo
 

Petit éléphant, petit éléphant,
Qui aimes-tu ?
Eh bien… c’est maman
Que j’aime !

Des chansons contemporaines et des mélodies empruntées à d’autres pays

En 1961, la chaine de radio-télévision nationale japonaise NHK a mis en place un nouveau programme musical intitulé « Chansons pour tous » (Minna no uta) qui a grandement contribué à faire connaître le monde merveilleux de la musique pour enfants. Minna no uta se compose de chansons originaires non seulement du Japon mais aussi du monde entier, y compris des mélodies originales contemporaines devenues de grands classiques. Elle ne dure que cinq minutes mais est diffusée à plusieurs reprises dans la même journée.

Depuis la création de Minna no uta, il y a 58 ans, NHK a programmé plus de 1 300 chansons et grâce à cette émission, plusieurs animateurs et cinéastes prometteurs sont devenus célèbres après avoir réalisés des vidéos pour elle. Un de ses succès les plus récents est une chanson de 2018 intitulée Paprika dont Yonezu Kenshi a écrit les paroles et composé la musique pour le Projet Tokyo 2020 de la NHK. Paprika a fait l’objet de plus de 100 millions de consultations sur YouTube. Et elle a d’ores et déjà été adoptée par un grand nombre de classes des écoles primaires de l’Archipel dans le cadre des préparatifs des Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo 2020.

Par ailleurs, une partie des chansons enfantines les plus populaires de l’Archipel sont des adaptations de mélodies originaires d’autres pays. C’est le cas notamment de « Papillon » (Chôchô), une reprise d’un air populaire du répertoire allemand (« Petit Jean » Hänschen klein) avec des paroles complètement différentes. La comptine au rythme soutenu « La grande prairie est verte » (Ô makiba wa midori) a puisé quant à elle son inspiration dans la musique folklorique slovaque. La chanson enfantine fait indéniablement partie intégrante de la culture japonaise. Et c’est un monde plein de vie et de créativité auquel les habitants de l’Archipel sont très attachés.

(Photo de titre : ces trois charmantes grenouilles font référence à la comptine japonaise intitulée « Le Chant des grenouilles » (Kaeru no uta). Photo Library)

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