Quand gourmandise rime avec plaisir

« Vous n’en reviendrez pas ! » : Martin nous vante les charmes de la gastronomie japonaise

Gastronomie Tourisme

Voici Martin, véritable fan de cuisine japonaise. Né d’un père américain et d’une mère japonaise, ce jeune mannequin parcourt les coins et recoins de l’Archipel à la recherche de délicieuses spécialités locales. Sa mission : promouvoir le washoku auprès de la jeune génération en tant que leader du groupe Ase Bound, composé de quatre autres jeunes hommes.

Martin Martin

Mannequin. Né en 1995 aux États-Unis d'un père américain et d'une mère japonaise, c’est à l’âge de quatre ans qu’il vient s’installer avec sa famille à Hiratsuka, dans la préfecture de Kanagawa. À la manière d’un reporter culinaire, ce leader du groupe Ase Bound, composé de quatre autres jeunes métisses comme lui, parcourt le Japon pour nous faire découvrir la cuisine régionale dans le cadre d’une émission d'informations matinale japonaise.

Au Japon, si vous allumez la télévision entre deux tartines au petit-déjeuner, il se peut que vous tombiez sur Martin. Au micro de Zip, une émission populaire d’actualités et de style de vie, le jeune homme de 24 ans, qui travaille également dans le mannequinat, nous fait régulièrement découvrir une nouvelle spécialité régionale, une mission qui l’envoie aux quatre coins de l’Archipel.

Depuis 2018, Martin – il n’utilise que son prénom pour son nom de scène – est également l’heureux leader du groupe Ase Bound, composé de quatre autres jeunes mannequins comme lui aux origines métissées. À eux cinq, ils parcourent le Japon pour nous mettre l’eau à la bouche avec les mille et une spécialité dont regorge l’Archipel.

Lors de notre entretien, il évoque avec nous le rôle des réseaux sociaux dans sa mission de promotion de la cuisine japonaise, ou washoku, auprès de la jeune génération dans et au-delà des frontières du pays.

— Racontez-nous un peu les débuts de Ase Bound.

MARTIN  En fait, le groupe s’est plus ou moins formé naturellement. J’ai grandi à Hiratsuka, dans la préfecture de Kanagawa. Mais je suis à moitié américain, j’ai donc bien sûr beaucoup d’amis qui viennent de l'étranger, et avec qui je parle de la vie au Japon.

J’ai alors fait la connaissance d’Alex, qui est franco-américain et fait maintenant partie du groupe. Il est venu pour une courte période au Japon il y a plusieurs années, dans la préfecture de Shiga. Il est littéralement tombé amoureux de la culture. J’ai été impressionné par la rapidité avec laquelle il a appris le japonais. Il parle déjà cinq langues !

En discutant, nous nous sommes dit : « Et si nous partagions sur les réseaux sociaux nos coups de cœur sur la culture japonaise ? » Et de fil en aiguille, nous avons décidé de former le groupe Ase Bound.

En partant de la gauche : les membres d'Ase Bound, Emre, Vinny, Martin, Kevin et Alex. (© Kawamoto Daigo)
Les membres d’Ase Bound : (en partant de la gauche) Emre, Vinny, Martin, Kevin et Alex. (© Kawamoto Daigo)

— Quelles sont les activités principales du groupe ?

MARTIN  Tout tourne principalement autour de la nourriture, et plus particulièrement du poisson. Goûter au washoku, c’est l’un des plaisirs de voyager au Japon, et nous voulons mettre l’accent sur la variété des plats, en nous adressant aux touristes étrangers en particulier.

L’une de nos premières missions a été de rejoindre les membres de l'équipage d’un bateau de pêche pour les aider à trier les prises du jour après le retour au port. Aucun de nous n’avait jamais fait ça et c’est ainsi que nous avons appris à différencier les poissons qui se trouvaient dans le filet. Ensuite, l'équipage nous a servi du sashimi de maquereau et de barracuda fraîchement pêchés en nous encourageant à vanter auprès de nos plus jeunes fans la qualité du poisson pêché au Japon. Nous avons alors raconté notre expérience sur les réseaux sociaux.

Et nous ne le savions pas encore, mais cette fois-ci allait être suivie de bien d’autres...

Martin, en août 2018 après avoir trié les prises du jour (© Kawamoto Daigo)
Martin, en août 2018, après avoir trié les prises du jour (© Kawamoto Daigo)

C’est comme ça que nous avons continué à aller sur le terrain, à nous rendre directement là on nous avons pu donner un réel aperçu, sans filtre, des lieux de production des ingrédients qui sont à la base de la cuisine japonaise. Et ce n’est pas toujours de tout repos ! Par exemple, à Shizuoka, nous avons embarqué sur un bateau à la pêche au shirasu, des alevins de sardine le plus souvent servis bouillis en guise de garniture pour le riz et d'autres aliments, et nous avons aussi visité une installation de stockage de thon qui maintient le poisson à moins 70 degrés.

Plus tard, notre mission nous a emmené dans une ferme de wasabi où nous avons fait mariner ce que nous avons pu pêcher pour faire notre propre wasabi-zuke. Et pour finir, nous sommes allés voir de plus près le verger de clémentines, dans les alentours.

Martin (à gauche) et Kevin devant le marché de gros de Tsukiji, avant sa relocalisation à Toyosu. (© Kawamoto Daigo)
Martin (à gauche) et Kevin en septembre 2018 devant le marché aux poissons de Tsukiji, le plus grand au monde, avant sa relocalisation à Toyosu. (© Kawamoto Daigo)

Des plats 100 % nippon à apprécier 

— Quels sont les plats préférés du groupe ?

MARTIN  Nous sommes tous au Japon depuis suffisamment longtemps pour que nos goûts dépassent les incontournables comme les sushis et les tempura. Vinny, qui a des origines brésiliennes, habite au Japon depuis qu’il est tout petit. Il adore la douceur subtile du saba no miso-ni — maquereau mijoté dans une sauce miso. Kevin, qui est moitié philippin, raffole du saumon et des légumes cuits au four. Et pour Emre, il n’y a pas photo, c’est un sandwich au maquereau ou rien ! Alex quant à lui est végétalien (il ne mange ni viande ni poisson), mais il adore les algues comme le nori et le wakame comme garnitures pour les salades par exemple.

Maquereau mijoté dans une sauce miso, un must dans de nombreux restaurants et bars izakaya japonais (© Pixta)
Maquereau mijoté dans une sauce miso (saba no miso-ni), un must dans de nombreux restaurants et bars izakaya japonais (Pixta)

Pour les besoins de notre mission, j'ai voyagé dans tout le Japon, mais le plat qui a littéralement mis mes papilles en émoi, c’est le hokki meshi de Watari dans la préfecture de Miyagi. C'est un plat très simple : des palourdes servies sur un bol de riz cuit dans un bouillon. Je n’avais rien mangé de pareil ! La combinaison de la saveur iodée des palourdes et l'umami du riz... J’encourage vraiment tous les visiteurs de l'étranger à aller dans le nord du pays et à goûter au hokki meshi. Vous n’en reviendrez pas !

Un bol de hokki meshi garni de ciboule negi. (© Pixta)
Un bol de hokki meshi garni de ciboule negi (Pixta)

— Des recommandations pour les novices qui veulent apprécier la cuisine japonaise ?

MARTIN  Quasiment tous les plats japonais se marient bien avec un bol de riz blanc fumant, mais surtout le poisson. Moi, ce que je fais, c’est que j’accompagne chaque bouchée de riz blanc bien fumant. Un délice !

Le riz apporte un complément aux saveurs les plus subtiles et au contraire élimine les plus prononcées comme celles du tsukudani (conserves d’algues mijotées dans de la sauce soja). Cela peut sembler étrange à quelqu’un qui n’a pas l’habitude de manger du riz, mais c’est vraiment un conseil que je vous donne. Essayez et vous verrez !

Si vous venez au Japon, il y a aussi toute une gamme de nouilles ramen. Chaque région a des soupes, des nouilles et des garnitures locales différentes. Certaines régions ont par exemple des fruits de mer avec un goût que vous ne retrouverez nulle part ailleurs. Au Japon, vous trouverez facilement un bol de ramen, assez copieux, pour moins de 1 000 yens (environ 8 euros), mais vous devrez peut-être parfois faire la queue dans les restaurants les plus connus. En tout cas une chose est sûre, vous ne serez pas déçu !

Les supérettes (konbini) ne sont pas en reste non plus et proposent une vaste sélection de plats japonais savoureux et prêts à déguster. Pour quelques centaines de yens, vous pourrez facilement acheter un repas sur le pouce mais sain, comme des boîtes repas bentô préemballées ou des boulettes de riz onigiri.

Tsukudani à base de varech sur un bol de riz blanc, condiments et soupe miso. (© Pixta)
Tsukudani à base de varech sur un bol de riz blanc, condiments et soupe miso. (Pixta)

— Quelles sont vos prochaines nouvelles destinations ?

MARTIN  Pour notre prochaine aventure, nous espérons attirer l’attention sur le marché de Toyosu. Notre groupe Ase Bound a visité l'emblématique marché aux poissons de Tsukiji en 2018, avant sa relocalisation. Une grande expérience, mais Toyosu est tout aussi impressionnant. Il dégage une sensation totalement différente ; il est plus vaste et son équipement est extrêmement moderne. Sur place, nous avons rencontré le chef du marché et le président d’un important grossiste.

Comme les pêcheurs dont nous avions fait la connaissance à Hiratsuka, ils nous ont encouragés à promouvoir les poissons et algues du Japon auprès des jeunes sur les réseaux sociaux. J’ai pris leur demande à cœur. Les jeunes amateurs de gastronomie utilisent de plus en plus des assaisonnements traditionnels comme le bouillon dashi et adorent les plats à base de viande, mais je pense que mettre l’accent sur les plats de poisson donne une idée plus juste de la gastronomie japonaise.

Martin (à gauche) et Vinny devant le marché de Toyosuen juillet 2019  (© Kawamoto Daigo)
Martin (à gauche) et Vinny devant le marché de Toyosu en juillet 2019 (© Kawamoto Daigo)

Notre groupe Ase Bound est présent et actif sur différentes plateformes de réseaux sociaux. Nous avons également un site Internet et une chaîne YouTube où nous partageons des photos et des vidéos de nos voyages à travers le Japon. En nous rendant dans des endroits comme les marchés de producteurs locaux, en flânant dans les rues commerçantes et en allant à la rencontre des professionnels qui y travaillent, nous voulons encourager celles et ceux qui viendront au Japon à sortir des sentiers battus et à avoir un contact direct avec le pays et la culture, et à revenir bien sûr !

(Interview et texte : Kawamoto Daigo, de Jiji Press. Photos de l’interviiew : Nippon.com)

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