Les milles et une merveilles de Kyoto

Le Nouvel An à Kyoto : frapper la cloche de l’année passée et les premières dévotions

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Présentation en photos et en vidéo des célébrations du Nouvel An à Kyoto, dans certains lieux sacrés de l’ancienne capitale.

Faire sonner les cloches 108 fois pour célébrer la nouvelle année

Au Japon, le soir du Nouvel An est marqué par le son des imposantes cloches dans les temples bouddhiques. Suivant les règles de cette coutume unique à l’Archipel, elles sont sonnées 108 fois au total. En effet, dans le dans le bouddhisme, il est dit que l’homme est tenté par 108 passions terrestres, comme le désir, la haine, la colère, la jalousie, l’attachement, la méfiance, etc. On se fait purifier de ces poisons spirituels à la fin de l’année grâce aux 108 coups de cloche. Pour être précis, 107 coups sont frappés avant minuit puis le dernier est donné au commencement de la nouvelle année, pour signifier qu’elle doit débuter sans souillures. Certains temples proposent aux visiteurs de faire sonner la cloche une fois par personne.

Le temple Chion-in (arrondissement de Higashiyama) est réputé pour son rituel de fin d’année particulièrement énergique pour faire résonner sa cloche. Principal temple de la secte bouddhique Jôdo,  le Chion-in est d’une importance historique significative. Il a été construit à l’endroit où Hônen, le fondateur de la secte, a passé la dernière partie de sa vie. La grande cloche du lieu qui est sonnée le soir du Nouvel An est véritablement gigantesque, mesurant 3,3 mètres de hauteur et 2,8 mètres de diamètre. Avec un poids total d’environ 70 tonnes, c’est l’une des trois plus grandes cloches de temple du pays.

Le déplacement du marteau qui vient frapper cette cloche, au cœur de la cérémonie, implique la force combinée de 17 moines. L’un d’eux, « l’attaquant », tenant la corde de plomb, se tient le dos tourné vers la cloche et donne un ordre à ses confrères. En réponse, les 16 autres moines, tenant des cordes traînantes, lèvent le shumoku, le géant marteau à cloche en bois, et suite à un autre signal, l’attaquant tombe en arrière, frappant la cloche en pesant de tout son poids. Trois moines à proximité se prosternent, touchant le sol avec les mains, les genoux et le front, tandis qu’un compteur marque l’heure et envoie des signaux aux autres participants. La sonnerie rituelle de l’année commence vers 22 h 40 la veille du Nouvel An et se termine environ 20 minutes après minuit le jour de l’An, lors du 108e coup.

Il faut 17 moines pour faire bouger le marteau, qui viendra ensuite frapper la cloche pour marquer la fin de l’année passée.
Il faut 17 moines pour faire bouger le marteau, qui viendra ensuite frapper la cloche pour marquer la fin de l’année passée.

Sous les milliers de portiques du sanctuaire Fushimi Inari

Le célèbre sanctuaire Fushimi Inari (arrondissement de Fushimi) accueille les plus grands rassemblements de Kyoto pour les premières dévotions de l’année, connues sous le nom de hatsumôde. Ce lieu sacré, comme 30 000 autres sanctuaires de l’Archipel, est dédié au dieu renard du shintô, appelé Inari-shin ou Inari-no-kami. Mais le Fushimi Inari Taisha se trouve être celui qui domine tous les autres. Appelé avec affection o-inari-san par les Japonais, sa popularité lui vient de son couloir d’innombrables portiques (torii) vermillons, appelé senbon-torii, ou « les 1 000 portiques », même si l’on dit qu’il y en aurait au moins 10 000 ! 

Des stands de nourriture bordent le chemin vers le sanctuaire, et plus de 250 000 visiteurs se rendent en ces lieux pour faire leurs premières dévotions chaque année.

(Voir notre article lié : Le Fushimi Inari à Kyoto : un sanctuaire mythique du Japon)

Des foules d'adorateurs se frayent un chemin parmi les étals qui couvrent chaque centimètre carré des abords du sanctuaire.
Des foules de visiteurs se frayent un chemin parmi les étals qui couvrent chaque centimètre carré des abords du sanctuaire.

Les visiteurs traversent un passage bordé par les senbon-torii à Fushimi Inari Taisha.
L’image la plus connue du Fushimi Inari : le couloir aux milliers de portiques vermillons, appelé senbon-torii.

Ramener le feu du sanctuaire Yasaka chez soi 

Le sanctuaire de Yasaka (arrondissement de Higashiyama) est classé deuxième derrière le Fushimi Inari pour le nombre de visiteurs qui se pressent en ces lieux lors du Nouvel An. Situé à proximité des quartiers de plaisir de Gion, le sanctuaire se fond encore aujourd’hui parfaitement dans cette partie élégante et festive de la ville. L’Okera-sai, une célébration se tenant chaque année lors des premières heures du 1er janvier, voit les visiteurs capturer les flammes d’une grande lanterne okera sur une corde mince qui brûle assez longtemps pour leur permettre de ramener le feu à la maison afin de l’utiliser pour allumer le premier feu de cuisson de la nouvelle année !

La porte Nishirômon du sanctuaire Yasaka est colorée en vermillon.
La porte Nishirô-mon du sanctuaire Yasaka, de couleur vermillon.

Le bois d'Okera-gi, sur lequel les souhaits sont écrits, est brûlé dans une lanterne okera, et les flammes, que les fidèles emportent avec eux sur des cordes allumettes, sont utilisées pour éclaire les lanternes des autels bouddhistes, et pour allumer les poêles contenant le zôni, une soupe traditionnelle du Nouvel An.
Le bois d’Okera-gi, sur lequel les souhaits sont écrits, est brûlé dans une grande lanterne okera, et les flammes, que les fidèles peuvent emporter avec eux sur des cordes allumettes, sont utilisées pour éclairer les lanternes des autels bouddhiques, et pour allumer les poêles des foyers pour préparer la cuisine du début d’année, notamment le zôni, la soupe traditionnelle du Nouvel An, .

(Voir également notre article lié : Le sanctuaire Yasaka de Kyoto, emblème d’un des plus grands festivals du Japon)

De nombreuses fêtes au sanctuaire Heian Jingû

De nombreux visiteurs fréquentent également le sanctuaire Heian Jingû (arrondissement de Sakyô), connu pour un festival appelé le jidai-matsuri. Créé en 1895 pour commémorer les 1 100 ans du transfert de la capitale du Japon à Kyoto (appelée alors Heian-kyô), ce lieu de culte est populaire par son portique géant et son vaste terrain.

Le Shûya Mantô, une cérémonie durant laquelle des rangées de lanternes votives sont allumées sur le terrain du sanctuaire au soir, le Saitansai (festival du Nouvel An), et la première représentation de théâtre nô de l’année, effectuée par l’association professionnelle « Kyoto Nôgaku-kai », se tiennent également ici pour célébrer le jour de l’An.

Sur les vastes terrains du sanctuaire Heian Jingû, les fidèles prient pour une nouvelle année sans maladie ni désastre, et espèrent la paix et la sécurité.
Sur les vastes terrains du sanctuaire Heian Jingû, les fidèles prient pour une nouvelle année loin de tout malheur.

(Reportage et texte de Fujii Kazuyuku, de 96 BOX)

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