Au Japon, les idéogrammes « kanji » virent scato

Culture Le japonais

Le règne du pipi-prout-caca

La dernière publication à la mode au Japon est un véritable cadeau pour tous les parents qui essaient d’intéresser leur enfant à l’étude des idéogrammes japonais, les kanji.  Le manuelUnko kanji doriru – Les « Cahiers de kanji caca » ne reculent devant rien avec plus de 3 000 phrases d’exemple contenant le mot unko, « caca ». La fascination toujours renouvelée des élèves du primaire pour tout ce qui tourne autour du pipi-prout-caca a propulsé la série de six cahiers (un pour chaque niveau de l’école élémentaire) aux six premières places des meilleures ventes en apprentissage de la langue japonaise d’Amazon Japon.

Mis à part leur obsession scatologique, ces cahiers sont tout ce qu’il y a de plus classique, couvrant le bon millier de kanji étudié à l’école primaire. Les caractères sont présentés suivant un ordre déterminé par des spécialistes de l’éducation et regroupés par thème pour favoriser la mémorisation. Chacun est accompagné de son ordre d’écriture et d’exemples de ses différentes significations. Au fil des pages, on retrouve les bons conseils du Professeur Caca, dont la tête s’inspire de la célèbre imagerie scatologique propre au Japon, largement diffusée dans le monde entier par le biais des emoji.

Le Professeur Caca guide l’élève tout au long des six cahiers. Il donne aussi sa forme au bloc d’entraînement vendu avec certains tomes.

Certaines phrases d’exemple restent confinées aux toilettes : « J’ai eu beau tirer la chasse, mon caca n’est pas parti. » D’autres sont surprenantes : « Voici l’estampe Le Fuji, le caca et la grue, trésor national », voire carrément surréalistes : « Un ingénieur allemand a inventé une machine capable de communiquer avec le caca. »

Pipi-caca-popo, une trilogie toujours gagnante

Suzuki Akiko, une enseignante de japonais installée à Tokyo, a acheté le premier tome à son fils pour ses révisions pendant les vacances de printemps en vue de son entrée en deuxième année d’école primaire, au mois d’avril. « Être motivé est crucial pour les élèves, quel que soit leur âge, explique-t-elle ; j’étais heureuse de le voir rire pendant qu’il révisait. Le contenu n’est pas aussi riche que dans les autres cahiers de kanji, mais vu que tout tourne autour du caca, cela suffit comme ça ! »

Plus de 280 000 exemplaires de ces cahiers ont été écoulés en une semaine après leur lancement à la mi-mars 2017. L’alliance entre apprentissage et humour scato a fait mouche. Les étudiants étrangers qui peinent à apprendre des centaines de kanji pourraient apprécier cette nouvelle approche.

(Texte de Nippon.com. Photo de titre : une boutique éphémère consacrée aux « Cahiers de kanji caca » dans le quartier de Toranomon à Tokyo.)

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