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Souvenirs de Musashi : les noms des anciennes provinces japonaises se retrouvent dans la région de Tokyo

Histoire

Les provinces historiques du Japon ont été abolies au XIXe siècle mais leurs noms existent toujours dans les appellations des gares de train et dans certains lieux, ainsi que dans la mémoire culturelle. Nous allons découvrir ici les anciennes provinces des environs de Tokyo.

Les 47 préfectures du Japon ont été établies dans les années suivant la Restauration de Meiji en remplacement des anciennes provinces. Des divisions semblables à celles actuellement en place existent depuis 1888. Les provinces ont cependant existé pendant de nombreux siècles et aujourd’hui encore leurs noms apparaissent dans les appellations de lieux, de gares ferroviaires et de montagnes. Il est assez amusant et pratique de les connaître. Nous allons présenter ici les anciens noms pour la région du Kantô, où se trouvent actuellement Tokyo et six autres préfectures environnantes.

Sur la ligne JR Nanbu qui va de la gare de Kawasaki à la gare de Tachikawa, quatre stations utilisent les idéogrammes 武蔵 (Musashi) : Musashi-Kosugi, Musashi-Nakahara, Musashi-Shinjô et Musashi-Mizonokuchi. En fait, il y a 21 stations qui utilisent le nom Musashi dans les préfectures de Tokyo, Kanagawa et Saitama. Elles sont disséminées dans une vaste zone avec, la plus à l’ouest de Tokyo, Musashi-Itsukaichi dans la ville d’Akiruno, et Musashi-Ranzan dans la ville de Ranzan, préfecture de Saitama, la plus au nord.

Musashi était le nom de la province qui recouvrait presque la totalité de Tokyo et Saitama, ainsi que Kawasaki et Yokohama (à l’exception de certains quartiers ouest). Ce nom a été utilisé jusqu’à ce que les divisions administratives actuelles soient mises en place. D’ailleurs, ce n’est pas par hasard que la tour Tokyo Skytree culmine à 634 mètres de haut. Basé sur un jeu de mots à base de chiffres (goroawase), « six » se prononce aussi mu, « trois » sa et « quatre » shi, pour former Mu-sa-shi. Les jours de beau temps et de bonne visibilité, la tour offre une vue magnifique sur l’ancienne province de Musashi.

La province de Sagami était située dans la préfecture de Kanagawa, à l’exception de Yokohama et de Kawasaki. Vu d’aujourd’hui, on pourrait considérer que Musashi s’était appropriée toutes les grandes villes de la région. Mais à l’époque, Yokohama n’était qu’un petit village de pêcheurs avant de devenir une ville importante en tant que base de commerce international avec l’ouverture de son port en 1859. Dans le Japon médiéval, Sagami était l’endroit où siégeait le shogunat de Kamakura, et pendant l’époque des Provinces en guerre (1467-1568), Odawara a prospéré comme ville fortifiée autour du château du puissant clan Go-Hôjô.

Les noms des anciennes provinces dans la région du Kantô

武蔵 Musashi La plus grande partie des préfectures de Tokyo et Saitama, et quelques zones des villes de Kawasaki et Yokohama
相模 Sagami Préfecture de Kanagawa (hormis les zones appartenant à la province de Musashi)
下総 Shimôsa Partie nord de la préfecture de Chiba et sud-ouest de la préfecture d’Ibaraki
上総 Kazusa Partie centrale de la préfecture de  Chiba
安房 Awa Partie sud de la préfecture de Chiba
常陸 Hitachi Préfecture d’Ibaraki (hormis le sud-ouest)
下野 Shimotsuke Préfecture de Tochigi
上野 Kôzuke Préfecture de Gunma

La préfecture de Chiba est également connue sous le nom de 房総半島 (la Péninsule de Bôsô), qui est basé sur les kanji des noms des anciennes provinces  安 (Awa), 上 (Kazusa), et 下 (Shimôsa). Le caractère 総 (fusa) est un terme ancient pour désigner le chanvre qui était cultivé par le clan Shikoku qui semble être arrivé dans la région en suivant le courant de Kuroshio. L’ancienne province de Fusa a été divisée par la suite en trois parties.

Il peut paraître étrange, en regardant la carte, que 総 (Shimousa) soit située au-dessus de 総 (Kazusa) alors que désigne le haut et signifie le bas. L’appellation est en réalité liée à la distance de ces endroits par rapport à la capitale. Autrefois, comme les gens traversaient par la mer vers la Péninsule de Bôsô de la province de Sagami, cela signifait que la partie sud de la péninsule, Kazusa, était plus proche de la capitale.

Ce principe de la distance s’applique également à 野 (Kôzuke) et 野 (Shimotsuke). Connue à l’origine sous le nom de 毛野国 (avec référence à la province de Keno ou Kenu), la région est ensuite divisée en 毛野国 (province de Kamitsuke) et 毛野国 (province de Shimotsuke). Par la suite, bien que le kanji 毛 (ke/mô) ne soit plus utilisé dans le nom de la province, on peut encore le trouver dans un grand nombre d’autres noms comme 上三山 (Jômô-Sanzan), les trois célèbres montagnes de la préfecture de Gunma : le mont Akagi, le mont Myôgi et le mont Haruna. Il apparaît également dans la ligne JR両線 (ligne JR Ryômô), qui relie Takasaki dans la préfecture de Gunma à Oyama dans la préfecture de Tochigi.

Dans le Hitachi fudoki, une ancienne chronique rédigée au début du VIIIe siècle, Hitachi est décrit comme un paradis bénéficiant de montagnes fertiles et de la mer. Durant l’ère Meiji (1868-1912), le premier kanji de 陸 (Hitachi) et celui de 城 (Iwaki, une province établie en 1868, aujourd’hui préfecture de Fukushima) ont été associés pour désigner la région de Jôban (常磐), connue par la suite comme zone productrice de charbon près de la capitale. La ligne JR Jôban relie aujourd’hui cette région à Tokyo.

(Photo de titre : Pixta)

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