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L’aquaculture terrestre, un mode d’élevage en pleine expansion au Japon

Environnement Région

L’aquaculture terrestre se développe au Japon, alors que l’industrie halieutique est confrontée à de nombreux problèmes liés au changement climatique et à la surpêche.

Un accès facile

Le marché de l’aquaculture terrestre est plutôt facile d’accès pour les entreprises, les équipements tels que les réservoirs d’eau nécessaires pouvant être installés sur des terres en friche, d’une part, mais également en raison de l’absence de droits de pêche. Les deux principales méthodes utilisées sont le système d’écoulement, qui fait appel à l’eau naturelle, et le système de recirculation, où l’eau est filtrée au fur et à mesure de son utilisation. En 2020, le gouvernement a élaboré une stratégie globale pour permettre à l’aquaculture de se développer en tant qu’industrie, l’une des initiatives misant sur sa promotion.

Expansion de l’aquaculture terrestre pour les produits marins

Selon le groupe Fuji Keizai, une société de recherche privée, en 2023, 2 250 tonnes de produits marins étaient issus de l’aquaculture terrestre, soit presque deux fois plus qu’en 2019. Toujours selon le groupe, en 2030, le chiffre de 2019 devrait être multiplié par 30. Par ailleurs, en 2023, le poisson issu de l’aquaculture terrestre représentait 0,2 % de tout le poisson d’élevage mais ce pourcentage pourrait atteindre 3,6 % en 2030. Il est à noter que la taille du marché des systèmes d’équipement et autres dispositifs était de 13,5 milliards de yens en 2023 (80 millions d’euros), soit 11,4 fois plus qu’en 2019.

La compagnie ferroviaire JR West s’est lancée dans l’aquaculture terrestre de poissons tels que le maquereau en 2017, avec pour objectif de créer une marque. Le maquereau et les oursins de mer sont élevés dans la préfecture de Saitama, à l’intérieur des terres, et à Hokkaidô, une région abondante en ressources marines, les saumons sont élevés dans les terres, pour remédier à la baisse des prises de poissons. Unissant leurs forces, Maruha Nichiro et Mitsubishi Corporation construisent une structure, avec pour objectif d’élever du saumon atlantique terrestre dans la préfecture de Toyama à partir d’avril 2025.

Réduire les risques

L’importance accrue accordée à la santé et l’augmentation de la population sont deux facteurs synonymes de la hausse de la demande des produits marins dans le monde. D’autre part, le changement climatique et la surpêche ont mené à une baisse des prises et à une évolution des variétés de poissons, rendant l’obtention de produits marins plus difficile pour les Japonais. L’expansion de l’aquaculture à l’eau de mer reste difficile, en raison de la difficulté de trouver de nouvelles zones côtières pour y établir des installations et des problèmes de changement de température de l’eau, les marées rouges, et la pollution marine issue de nourriture non consommée et de matières fécales.

Avec l’aquaculture terrestre, l’impact du changement de la température de l’eau et des marées rouges peut être atténué en adaptant l’environnement de l’élevage du poisson, notamment par la modération de la température, l’alimentation et la teneur en oxygène. L’impact sur les eaux usées peut également être contrôlé. Même s’il y a des risques tels que des pannes d’électricité et des maladies infectieuses susceptibles de se répandre dans les réservoirs, les progrès dans la technologie des batteries et le contrôle de l’hygiène peuvent laisser espérer une expansion de la production.

Élevage en aquaculture terrestre de limandes à Saki, dans la préfecture d’Ôita (avec l’aimable autorisation de JF Ôita; ©Jiji)
Élevage en aquaculture terrestre de limandes à Saki, dans la préfecture d’Ôita (avec l’aimable autorisation de JF Ôita; Jiji)

En avril 2023, l’Agence des pêches a introduit un système de notification permettant de surveiller et de promouvoir l’augmentation rapide du nombre de fermes d’aquaculture terrestre. Les résultats montrent qu’au mois de janvier 2024, 662 fermes d’aquaculture terrestre étaient actives au Japon. Par préfecture, c’était à Okinawa où il y en avait le plus, avec 168 fermes, puis à Ôita, avec 55 installations et à Kagoshima, avec 35 fermes.

Des marchés en pleine expansion

L’Agence des pêches, entre autres sources, explique que l’aquaculture terrestre d’espèces telles que les algues umibudô, la limande et le torafugu (fugu tigre) est établie depuis un certain temps. Cependant, plus récemment, l’élevage de saumon, une garniture qui rencontre un grand succès chez les amateurs de sushi, fait lui aussi son apparition dans le secteur de l’aquaculture terrestre. Le groupe Fuji Keizai indique que la quantité de saumon et de truite élevés en aquaculture terrestre a plus que doublé entre 2019 et 2023. Les crevettes à pattes blanches (banamei-ebi), qui ont une période d’élevage courte, intéressent également de plus en plus les professionnels. Les stocks dont les méthodes d’élevage sont bien établies et qui ont une plus importante valeur ajoutée sur le marché ont davantage la cote chez les éleveurs.

Nombre de fermes d’aquaculture terrestre de poissons

Si l’aquaculture terrestre reste plutôt facile d’accès, elle implique des investissements initiaux non négligeables, tels que la construction d’installations ou encore l’électricité utilisée pour leur fonctionnement. Pour que leurs activités soient florissantes, les entreprises doivent créer une importante valeur ajoutée par l’intermédiaire de leur image de marque.

(Photo de titre : fugu tigre [à gauche] et limande, élevés en aquaculture terrestre, fermes appartenant à la compagnie JR West. Jiji)

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