« Seijin-shiki », la cérémonie d’entrée à l’âge adulte

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On célèbre lors du seijin-shiki l’entrée des femmes et des hommes de 20 ans dans la société des adultes. La mairie invite les nouveaux vingtenaires à une cérémonie tenue dans un centre culturel public. Ces jeunes adultes, habillés en kimono pour l’occasion, incarnent le charme poétique de l’hiver japonais.

Une cérémonie pour marquer l’entrée dans le monde adulte

Tous les ans, à la mi-janvier, on peut apercevoir des jeunes Japonais en costume ou en kimono dans toutes les villes de l’Archipel. Ils participent au seijin-shiki tenu dans un lieu de rassemblement de quartier comme un centre culturel public. C’est une cérémonie qui célèbre l’entrée des jeunes de 20 ans dans la société des adultes. 

Les autorités locales et les organismes publics japonais invitent les jeunes qui ont ou auront eu 20 ans entre le 2 avril de l’année précédente et le 1er avril de l’année en cours. Ils leur transmettent des messages d’encouragement et de bénédiction, organisent des conférences et des fêtes et leur remettent des souvenirs.

Le seijin-shiki est une tradition qui remonte à l’époque de Nara (710-794). On célébrait le genpuku-shiki, la cérémonie d’entrée à l’âge adulte, qui était alors de 15 ans. Le seijin-shiki moderne est presque toujours organisé un jour férié (seijin no hi). Ce jour férié a été instauré en 1948, et jusqu’en 1999, a toujours eu lieu le 15 janvier. Cette date a été choisie car elle coïncide avec celle du petit Nouvel An (celui de l’ancien calendrier lunaire), le jour où jadis on fêtait traditionnellement le genpuku-shiki. Depuis que certains jours fériés ont été déplacés au lundi le plus proche par une réforme législative en 2000, le seijin-shiki est commémoré le deuxième lundi de janvier (le 9 janvier en 2023).

Grande neige le jour de la cérémonie ?

Forte chute de neige lors du seijin-shiki de 2013 à Tokyo. (Jiji Press)

Les femmes sont parées de sublimes furisode (kimono aux manches longues) et se coiffent spécialement pour l’occasion. La plupart des hommes sont en costume, mais on peut en trouver qui optent pour un kimono. La cérémonie est généralement tenue dans un établissement appartenant aux autorités locales, mais certaines municipalités organisent l’événement dans un parc à thème local, comme Urayasu dans la préfecture de Chiba, qui a choisi Disneyland.

Hasard ou coïncidence, il neige souvent le jour du seijin-shiki. D’après les données recueillies ces 30 dernières années, il y a une très forte chute de neige une fois tous les 10 ans ce jour. Dans la région de Kantô par exemple, qui englobe Tokyo, la probabilité est de 13 %. Ceux qui envisagent de revêtir un kimono doivent impérativement regarder les prévisions météorologiques avant de sortir.

La majorité descendue à 18 ans depuis 2022

Depuis le 1er avril 2022, l’âge de la majorité a été descendu à 18 ans (alors qu’il était auparavant fixé à 20 ans depuis 1876). C’est donc dorénavant à cet âge que les jeunes – qui étaient auparavant sous l’aile protectrice des parents et de l’entourage –, sont censés être capables de se débrouiller seuls et faire des choses qui n’étaient pas jusqu’alors autorisées. Ils peuvent par exemple signer un contrat sans avoir besoin de l’accord des parents. (Voir ces changements en détail dans notre article : L’âge légal de la majorité au Japon passe de 20 à 18 ans : que peuvent désormais faire les jeunes ?)

C’est néanmoins toujours à partir de 20 ans que l’on peut, comme tout citoyen, intégrer le système de retraite nationale. De même, l’interdiction de boire et de fumer reste inchangée jusqu’à 20 ans, tout comme les jeux d’argent et les paris légaux, tels que les courses de bateaux et de chevaux. Les questions de risque sur la santé et de dépendance ont été prises en considération. Il est en revanche autorisé de jouer au pachinko dès 18 ans.

Seijin-shiki au Shibuya Public Hall, Tokyo, janvier 2015.

Quant au droit de vote, il avait déjà été abaissé à 18 ans en 2015 par une révision de la loi électorale. (Voir notre article : Les jeunes Japonais éloignés de la politique : comment les sensibiliser à l’importance du vote ?)

Depuis une vingtaine d’années, certains de ces jeunes, tout heureux d’avoir atteint l’âge adulte, défraient la chronique en faisant la fête sans retenue lors de la cérémonie. Marquer l’actualité en se faisant remarquer lors d’une cérémonie d’entrée dans la vie adulte, un comble !

(Photo de titre : une cérémonie Seijin-shiki à Shibuya, en janvier 2015)

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