Les endroits à visiter à tout prix !

Pour se mettre à la mode d’Osaka

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Osaka est une ville à l’atmosphère particulière, dont le quartier commerçant de Minami et les marchés, en particulier, attirent un grand nombre de touristes étrangers.

Les rues commerçantes plébiscitées par les touristes chinois

Il m’est arrivé d’intervenir à la radio pour expliquer pourquoi le quartier de Minami à Osaka attire tant les touristes étrangers, chinois en particulier. Cela a été l’occasion d’interroger deux résidents chinois au Japon sur ce qu’ils apprécient à Osaka et leurs endroits préférés. Ils étaient d’accord pour plébisciter le quartier de Minami, et plus précisément Dôtonbori et le marché Kuromon avec son fouillis de petites boutiques, principalement des commerces de bouche.

Ils ont expliqué pourquoi ce choix, et c’est intéressant : les grandes villes chinoises ont connu une modernisation sans précédent ces vingt dernières années, avec la multiplication d’immenses centres commerciaux et de lieux dédiés à l’alimentation. Pour les touristes chinois désormais habitués à ces grands complexes, les rues commerçantes et marchés d’Osaka où se promener en grignotant ici et là sont des endroits bien différents et donc divertissants. Pour les habitants de Shanghai âgés de plus de cinquante ans, cette profusion de petites échoppes a même quelque chose de nostalgique.

Les touristes étrangers viennent acheter des produits de la mer au marché Kuromon où se ravitaillent les professionnels. Les touristes chinois, sud-coréens et d’Asie du sud-est y sont de plus en plus nombreux. (photo de l’auteur
Les touristes étrangers viennent acheter des produits de la mer au marché Kuromon où se ravitaillent les professionnels. Les touristes chinois, sud-coréens et d’Asie du sud-est y sont de plus en plus nombreux. (Photo de l’auteur)

En effet, les quartiers populaires de Shanghai, où l’on trouvait jusqu’à il y a une dizaine d’années des petits restaurants de nouilles ou de soupe de riz et autres échoppes de brioches chinoises, ont été réurbanisés. Le lacis de ruelles a laissé place à d’immenses immeubles chics.

Les poissonniers ont la cote

Osaka est faite de multiples rues commerçantes, tout le monde vous le dira.

La galerie Shinsaibashi-suji, avec ses grands magasins et ses boutiques de marques, est, à sa façon, une rue commerçante. Tout comme la célébrissime rue Dôtonbori où l’on trouve la statue de Cuidaore Tarô, la mascotte du quartier, et des enseignes géantes à l’effigie de crabe, poisson-globe et poulpe visibles ici et là. Il y a aussi une rue commerçante spécialisée dans les ustensiles de cuisine, la rue Sennichimae-dôguya-suji dans le quartier de Namba. On dit que là-bas, on trouve tout le nécessaire pour ouvrir une échoppe de boulettes au poulpe dans la minute qui suit.

Le marché Kuromon, prisé des touristes chinois, est spécialisé dans les produits frais. Au départ, c’était le marché de gros où venaient s’approvisionner les cuisiniers des restaurants chics de la ville.

Les 170 boutiques du marché Kuromon, au cœur d’Osaka, la « cuisine du pays » (photo Kuroiwa Masakazu)
Les 170 boutiques du marché Kuromon, au cœur d’Osaka, la « cuisine du pays ». (Photo : Kuroiwa Masakazu)

Un poissonnier spécialisé dans le thon voisine un restaurant tandis qu’en face, c’est un marchand de tofu qui jouxte un petit café, dans un parfait mélange des genres. Ici, on est loin de l’ordre et de l’efficacité des supermarchés où les rayons sont organisés par catégorie de produits. La ville entière est un joyeux mélange, pourrait-on dire.

Les touristes chinois viennent au marché Kuromon avec un objectif précis : acheter des produits de la mer, en particulier du thon, des crevettes et des coquillages. Les riches Chinois ont le palais fin, et ils sont également très bien renseignés. Ils savent parfaitement qu’à Kuromon, on peut déguster des sushis de thon gras, des brochettes de crevettes grillées et même du pot-au-feu de fugu, le tout bien meilleur, plus frais et moins cher qu’ailleurs. Un rapport qualité-prix exceptionnel qui ne leur échappe pas.

Un couple de Chinois savoure du fugu cru devant le magasin spécialisé Minami, sur le marché Kuromon à Osaka (photo de l’auteur)
Un couple de Chinois savoure du fugu cru devant le magasin spécialisé Minami, sur le marché Kuromon à Osaka. (Photo de l’auteur)

Une poissonnerie spécialisée depuis toujours dans le poisson-globe, qui vend ses produits aux chefs des meilleurs restaurants, propose en effet du pot-au-feu de fugu à déguster sur place, attablé à une table de camping sur laquelle est posé un réchaud portatif. Le patron se rappelle avoir été étonné, il y a une dizaine d’années, par l’arrivée de touristes chinois qui souhaitaient manger du fugu sur place, mais il a su répondre à leur demande. En plus du pot-au-feu traditionnel à la sauce soja aux agrumes, il propose une soupe de fugu accommodée au goût des Chinois qui rencontre un grand succès. À Osaka, les maisons les plus anciennes n’hésitent pas à se lancer dans la nouveauté.

Minami, poissonnier spécialisé dans le fugu (photo de l’auteur)
Minami, poissonnier spécialisé dans le fugu (Photo de l’auteur)

Le grossiste en thon, lui, a installé devant sa boutique un banc où les clients peuvent déguster des sushis, tandis que les marchands de coquillages et de crevettes proposent des brochettes grillées à manger debout. Chacun s’est arrangé pour dédier un coin à la restauration sur place.

Il est assez amusant de voir deux mondes totalement différents se côtoyer ici : les chefs des meilleurs restaurants qui viennent depuis toujours exprès à Kuromon pour se ravitailler en fugu, thon et autres produits de luxe d’une part, et les riches Chinois au palais fin qui viennent goûter sur place à ces mêmes produits. Mais c’est précisément ce mélange des genres qui est la marque de fabrique du quartier de Minami à Osaka. La souplesse et le sens du service des marchands d’ici sont une facette de la vie à la mode d’Osaka.

Le marché de Kuromon n’est pas le seul endroit où flâner : toutes les rues commerçantes d’Osaka sont agréables. Chacune a ses particularités, qui tiennent à son emplacement et à son histoire. Toutes ont du cachet.

Pour les habitants, aller faire ses courses chez ses commerçants attitrés est un peu comme rendre visite à plusieurs amis d’un coup, on passe un bon moment ; pour les étrangers et les gens venus d’ailleurs, c’est plonger gratuitement dans une sorte de parc d’amusement touristique, à portée de main et bien plus amusant qu’un lieu payant, car on y fait de multiples découvertes.

À Osaka, on met les pieds dans le plat

Les marchands d’Osaka ont pour habitude d’engager la conversation, après vous avoir remercié d’être venu. Le chauffeur de taxi vous parlera des prévisions météorologiques et des matchs de l’équipe locale de baseball, les Hanshin Tigers ; au comptoir d’un restaurant, le patron vous demandera d’où vous venez et vous recommandera ce qu’il a de meilleur.

D’ailleurs, le style de restaurant « kappô », où les clients et le patron discutent de part et d’autre du comptoir, est né à Osaka. Souvent, le menu, la composition des plats et les prix ne sont pas affichés, c’est le patron qui les annonce de vive voix.

C’est pareil pour les courses. Dans un supermarché, les étiquettes vous renseignent sur la provenance du produit, sa quantité et son prix, et vous faites votre choix à partir de ces informations, avant de passer à la caisse où la lecture des codes-barres permet de faire l’addition. Mais chez un marchand, c’est différent.

Dans les rues commerçantes d’Osaka, quand vous achetez du poisson séché, par exemple, demandez comment le faire cuire et on vous expliquera que si vous le passez au gril, l’odeur se répandra dans toute la maison, ce que vous pouvez éviter en le faisant cuire à feu moyen à la poêle, dix minutes de chaque côté. Parfois, le marchand ajoute son grain de sel, une blague ou un quelconque bavardage. Après quoi, au moment de payer, il vous fera une réduction ou un petit cadeau. Tout cela est typique d’Osaka.

La communication à la mode d’Osaka n’est donc pas une question de dialecte, de vocabulaire ou d’accent, mais un savoir-faire et une façon de servir la clientèle cultivés depuis de longues années. L’attachement d’Osaka à l’humour ne se manifeste pas seulement dans la culture des spectacles comiques, c’est aussi une façon d’être, de ressentir et de s’exprimer.

Des villages au cœur de la métropole

Les grandes villes sont des lieux où chacun peut préserver son anonymat, aller ici et là comme un voyageur, faire ses courses dans un magasin puis un autre. Mais à Osaka, des villages subsistent à l’intérieur de la métropole, comme dans le quartier de Minami. Clients et marchands s’appellent par leur nom car ils font partie de la même communauté, celle d’un quartier précis.

Bien entendu, pour vivre agréablement en ville, il faut savoir dissocier ces deux facettes, le quotidien anonyme et la vie au cœur du village. Mais faire des rencontres dans une grande ville et avoir une infinité d’amis, cela change tout.

Pour les gens d’Osaka, il est essentiel de connaître du monde et de s’entourer de personnes drôles, c’est une sorte d’idéal aux fondements de la société. Je pense que même les touristes étrangers qui ne parlent pas japonais peuvent le ressentir. C’est impossible à démontrer par des données chiffrées, mais nous autres habitants d’Osaka, nous nous découvrons parfois des points communs avec les quartiers populaires d’autres villes, comme Paris ou Istanbul.

Shin-sekai, un concentré des quartiers populaires d’Osaka (photo Kuroiwa Masakazu)
Shinsekai, un concentré des quartiers populaires d’Osaka (Photo Kuroiwa Masakazu)

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(Photo de titre : Kuroiwa Masakazu)

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