Le top des prénoms donnés aux enfants japonais durant l’ère Heisei (1989-2019)

Société Vie quotidienne

Les prénoms choisis par les parents pour leur progéniture sont souvent le reflet de leurs préoccupations et de leurs vœux du moment. Quels sont ceux que les Japonais ont donné le plus volontiers à leurs fils et à leurs filles durant les trois décennies de l’ère Heisei (1989-2019) ?

La compagnie d’assurance vie Meiji Yasuda publie chaque année une liste des prénoms les plus courants des douze derniers mois. Si l’on considère les trente années qu’ont duré l’ère Heisei (1989-2019) et le règne de l’empereur retiré Akihito, on constate qu’il y a eu des changements dans la façon de prénommer les nouveau-nés. Nous avons regroupé les prénoms les plus courants dans deux tableaux, un pour les garçons et l’autre pour les filles, en indiquant les kanji (idéogrammes) correspondants ainsi que leurs lectures, souvent multiples et complexes.

Des prénoms féminins en relation étroite avec le monde de la nature

Les petites filles nées durant l’ère Heisei ont eu souvent droit à des prénoms en relation avec la nature. Leurs parents ont choisi des caractères exprimant l’idée d’une floraison (咲) ou correspondant à des plantes comme la navette (菜) et la mauve (葵). Ils ont aussi montré  un faible pour la version en hiragana (さくら) de la fleur la plus populaire de l’Archipel, celle du cerisier sakura (桜 en kanji). Le prénom Misaki (美咲) est arrivé à huit reprises en tête de la liste annuelle de Meiji Yasuda. Il est suivi par celui de Hina (陽菜), qui a occupé cette place à sept reprises, et par ceux de Sakura (さくら) et de Aoi (葵), classés l’un et l’autre quatre fois premier.

Prénoms féminins les plus courants de l’ère Heisei (1989-2019) et fréquence de leur place en tête du classement

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1989-1998 Misaki(6 fois) Ai(2 fois) Aya/Moe/Asuka(1 fois chacun)
1999-2008 Hina(4 fois) Sakura(3 fois) Misaki/Aoi(2 fois chacun)
2009-2018 Hina(3 fois) Aoi/Yuina(2 fois chacun) Sakura/Rin/Yua/Yui/Yuzuki(1 fois chacun)
Total Misaki(8 fois) Hina(7 fois) Sakura/Aoi(4 fois)

Note : Le premier rang du classement a été occupé en même temps par plusieurs prénoms, à différentes reprises.

En 1989, le prénom Narumi (成美), qui commence par le second kanji de l’ère Heisei (平成), a fini en quatrième position, alors qu’il ne figurait même pas dans le classement de l’année précédente. En 1990, le prince Fumihito, le fils cadet de l’empereur Akihito et de l’impératrice Michiko, a épousé la princesse Kiko (紀子) et leur mariage a eu une influence indéniable sur le choix des prénoms féminins. Cette année-là, 紀子 (qui peut se lire Kiko ou Noriko) est passé de la 236e à la 73e place et cinq autres prénoms incluant le caractère 紀 (ki), à commencer par Saki (早紀) et Miki (美紀), ont fini parmi les cent premiers de la liste.

Les Jeux olympiques de Sydney, en l’an 2000, et d’Athènes, en 2004, ont suscité un regain d’intérêt pour le prénom Sakura (さくら). Les parents ont sans doute été inspirés par la fleur la plus symbolique du Japon, le cerisier, pour rendre hommage aux exploits de trois Japonaises qui ont remporté chacune la médaille d’or de leur spécialité. Takahashi Naoko dans l’épreuve du marathon, Tani Ryôko en judo et Yoshida Saori en lutte libre. 

Après le tremblement de terre et le tsunami qui ont frappé le nord-est de l’Archipel le 11 mars 2011, de nombreux Japonais ont inclus le kanji 結 dans le prénom de leur fille parce qu’il fait référence aux liens avec autrui, à l’importance de la solidarité entre les gens. Cette année-là, les prénoms féminins donnés le plus  souvent ont été dans l’ordre Yua (結愛) et Yui (結衣).

Des prénoms masculins plein d’entrain et de grandeur

De tous les prénoms donnés aux garçons venus au monde durant l’ère Heisei, c’est Hiroto (大翔) qui a eu le plus de succès. Il a en effet fini à huit reprises en tête du classement, suivi de près par Shôta (翔太) et Ren (蓮) arrivés à cette place respectivement six et cinq fois. Le kanji 翔 qui signifie « voler haut dans le ciel » a de toute évidence eu les faveurs du public.  Le kanji 大, dont le sens est « grand », a fait lui aussi régulièrement partie des choix préférés des parents japonais.

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1989-1998 Shôta(6 fois) Takuya(2 fois) Kenta/Daiki(1 fois chacun)
1999-2008 Daiki/Hiroto(3 fois chacun) Shô(2 fois) Shun/Ren/Riku(1 fois chacun)
2009-2018 Hiroto(5 fois) Ren(4 fois) Yûma(2 fois)
Total Hiroto(8 fois) Shôta(6 fois) Ren(5 fois)

Note : Le premier rang du classement a été occupé en même temps par plusieurs prénoms, à différentes reprises.

Comme pour les filles, le nom de l’ère Heisei (平成) a influencé le choix des prénoms donnés aux garçons durant cette période. Les deux caractères dont il se compose ont été largement utilisés en 1989. C’est ainsi que Shôhei (翔平) est arrivé à la 7e place,  Kazunari/Issei (一成 ) à la 38e, et Kazunari (和成), à la 89e. Le kanji 平 a continué à avoir du succès dans les années 1990 dans des prénoms comme Kôhei (康平) et Kyôhei (恭平). En 1993, l’organisation du premier championnat de football du Japon a propulsé le prénom (翼) à la 5e place du classement de Meiji Yasuda, en hommage au héros du célèbre manga consacré à ce sport Captain Tsubasa (Olive et Tom en français) de Takahashi Yôichi.  Et Tsubasa est resté dans les dix premiers pendant les cinq années qui ont suivi.

En 2006, le prince Fumihito et la princesse Kiko ont eu un fils, le prince Hisahito (悠仁), le premier enfant de sexe mâle né dans la famille impériale depuis 40 ans. La naissance de ce garçon a eu une très grande importance dans la mesure où la succession sur le trône du Japon est réservée aux héritiers mâles de lignage patrilinéaire (voir notre article lié). Elle a donc a grandement influencé le choix des noms donnés aux petits japonais. Cette année-là, le prénom Yûto (悠斗, 悠人, 悠真 : premier caractère identique mais le second différent) s’est classé respectivement 6e, 18e, puis partageant aussi la 25e place aux côtés de Yûma (悠真).

Les catastrophes de l’année 2011 ont incité les parents à donner à leurs fils des noms en relation avec la nature tels que Ren (蓮 : lotus) et Itsuki (樹 : arbre). D’autres, soucieux de leur assurer un brillant avenir, ont choisi des prénoms de bon augure contenant des kanji comme 陽 et 輝 qui signifient respectivement « le soleil » et « briller ».

(Photo de titre : Pixta)

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