Le b.a.-ba du Japon

Les cinq domaines féodaux les plus riches au Japon

Histoire

Si le shogunat des Tokugawa détenait le pouvoir au Japon à l’époque d’Edo (1603-1868), des centaines de domaines conservaient tout de même un certain degré d’autonomie régionale. Intéressons-nous aux cinq plus puissants en fonction de leur importance économique.

Lors de l’époque d’Edo (1603-1868), le Japon était gouverné par le shogunat des Tokugawa. Les daimyô (seigneurs féodaux) de quelque 300 domaines étaient des vassaux au service du shôgun, et leurs pouvoirs pouvaient varier considérablement. Typiquement, la productivité et l’échelle économique des domaines était mesurée en koku, équivalant à environ 180 litres de riz, ou 300 000 yens en termes actuels. Il est à noter que le koku était également une mesure approximative de la quantité de riz consommée par un adulte chaque année.

Le koku-daka, ou le nombre total de koku produits par un seul domaine, ne prenait pas seulement en compte le riz mais également les revenus issus d’autres produits locaux, tels que les fruits de mer ou les produits industriels. Les chiffres calculés par le shogunat et ceux par les domaines étaient souvent différents, mais le classement ci-dessous se base sur les chiffres du shogunat.

Les daimyô peuvent être divisés en trois groupes selon le lien qui les unit avec la famille centrale du shogunat des Tokugawa. Les daimyô shinpan avaient des liens de parentés avec la famille principale des Tokugawa ; les daimyô fudai étaient des vassaux de longue date ; les daimyô tozama étaient des chefs qui ne se sont soumis à Tokugawa Ieyasu qu’après avoir pris le contrôle du pays lors de la bataille de Sekigahara en 1600, ou peu avant. Il n’y a pas de daimyô fudai dans le classement ci-dessous.

1/ Le clan Maeda, domaine de Kaga : 1,03 million de koku, tozama

Le seigneur Maeda régnait sur l’actuelle préfecture d’Ishikawa. Le domaine fut construit par Maeda Toshiie, qui servait sous Oda Nobunaga et Toyotomi Hideyoshi. Son fils Toshinaga lui succéda, devenant un vassal de Tokugawa Ieyasu. Estimé à 1 million de koku, c’était le domaine le plus important de tout le pays et de toute l’époque d’Edo.

La ville-château du domaine, Kanazawa, s’est développée en tant que plate-forme pour le transport avec des ports d’escale pour la route maritime Kitamaebune, et le projet a trouvé écho auprès de riches marchands. Cependant, à partir du XVIIIe siècle, la situation économique s’est détériorée, plongeant Kanazawa dans une période d’instabilité.

Photo d'Utagawa Yoshiiku représentant Maeda Toshiie dans sa jeunesse, alors qu'il était encore au service d'Oda Nobunaga (avec l'aimable autorisation de la Bibliothèque métropolitaine de Tokyo).
Photo d’Utagawa Yoshiiku représentant Maeda Toshiie dans sa jeunesse, alors qu’il était encore au service d’Oda Nobunaga. (Avec l’aimable autorisation de la Bibliothèque métropolitaine de Tokyo)

2/ Le clan Shimazu, domaine de Satsuma : 729 000 koku, tozama

Le clan Shimazu se trouvait parmi les perdants lors de la bataille de Sekigahara. Il a toutefois pu conserver son territoire de Satsuma (l’actuelle préfecture de Kagoshima) après s’être soumis à Tokugawa Ieyasu. Pendant la plus grande partie de l’époque d’Edo, le royaume de Ryûkyû (qui correspond aujourd’hui à Okinawa) a été sous son contrôle effectif, bénéficiant du commerce de sucre lucratif de l’île. Dans les dernières années de l’époque d’Edo, le domaine a vu naître des dirigeants tels que Saigô Takamori et Ôkubo Toshimichi, personnages centraux du nouveau gouvernement après la Restauration de Meiji.

    Saigô Takamori (avec l’aimable autorisation de la Bibliothèque nationale de la Diète)
    Saigô Takamori (avec l’aimable autorisation de la Bibliothèque nationale de la Diète)

    3/ Le clan Date, domaine de Sendai : 626 000 koku, tozama

    Dirigé de main de fer par Date Masamune, dit le Dragon borgne, le domaine de Sendai se trouvait dans l’actuelle préfecture de Miyagi. Le territoire était devenu prospère grâce à ses zones de pêche abondantes et à ses terres agricoles fertiles, ainsi qu’à la présence de routes maritimes menant à Edo (aujourd’hui Tokyo). Cependant, les richesses du domaine se tarissent vers la fin de l’époque d’Edo, entraînant un retard dans la modernisation de son armée. Avec d’autres forces du shogunat, elle s’inclinera devant l’armée de Meiji lors de la guerre civile de Boshin.

    Statue de Date Masamune à Sendai, dans la préfecture de Miyagi (© Pixta)
    Statue de Date Masamune à Sendai, dans la préfecture de Miyagi (Pixta)

    4/ Le clan Tokugawa d’Owari, domaine d’Owari : 619 000 koku, shinpan

    Parmi les membres de la famille des Tokugawa shinpan, les trois clans initialement dirigés par les plus jeunes fils de Ieyasu, ses neuvième, dixième et onzième fils pour être précis, occupaient le rang le plus élevé et étaient connus sous le nom de Gosanke. Ils pourraient alors au besoin prendre la succession du shôgun en cas d’absence de descendance mâle.

    Le clan Tokugawa d’Owari a été fondé par le neuvième fils de Ieyasu, Yoshinao, dans l’actuelle préfecture d’Aichi. Il doit ses richesses à l’exploitation forestière des cyprès et à sa situation en tant que plate-forme pour les échanges commerciaux sur la route du Tôkaidô.

    Le château de Nagoya (© Pixta)
    Le château de Nagoya (Pixta)

    5/ Le clan Tokugawa de Kishû, domaine de Kishû : 555 000 koku, shinpan

    Il s’agit de l’un des Gosanke, fondé par Yorinobu, le dixième fils de Ieyasu. À la mort du shôgun Ietsugu en 1716, alors qu’il était encore enfant, le clan Tokugawa de Kishû, basé dans l’actuelle préfecture de Wakayama, lui donne son successeur Yoshimune.

    En plus d’être le plus puissant des Gosanke, le clan était également à la pointe des techniques agricoles de l’époque. La double culture du riz et du blé, entre autres techniques, y était courante. Cependant, cette dernière nécessitant d’emprunter au shogunat en cas de famine, le clan avait accumulé des dettes considérables à la fin du XVIIIe siècle.

    Photo de Yoshimune proclamé shogun (avec l'aimable autorisation de la Bibliothèque métropolitaine de Tokyo).
    Photo de Yoshimune proclamé shôgun. (Avec l’aimable autorisation de la Bibliothèque métropolitaine de Tokyo)

    (Illustration de titre : Utagawa Hiroshige II, qui représente la suite d’un daimyô traversant Kasumigaseki à Edo, qui abriait plusieurs domaines puissants. Avec l’aimable autorisation de la bibliothèque métropolitaine de Tokyo.)

    histoire Edo shôgun Tokugawa Ieyasu