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Six sanctuaires du Japon dédiés aux dragons

Tourisme Tradition

En cette année du dragon, nous vous présentons six sanctuaires japonais consacrés à ces créatures de légende.

La représentation des dragons au Japon est un amalgame de trois influences culturelles différentes : le dragon sacré de Chine, le naga de la mythologie indienne, et d’anciennes croyances relatives aux divinités de l’eau au Japon.

Le dragon chinois est un animal sacré qui est l’incarnation divine de phénomènes naturels tel que les tornades. Il a le corps d’un serpent, les bois d’un cerf, les serres d’un faucon, les écailles d’une carpe et les barbillons d’un poisson-chat. La créature incarne les caractéristiques de tous ces animaux, et son aspect auspicieux en a fait un symbole des empereurs de Chine.

Le naga indien est également un animal sacré qui fait penser à un cobra géant. Il figure dans les textes bouddhiques en tant que protecteur de cette religion.

Le dragon du Japon, ou ryû, est un hybride des dragons chinois et indiens. Il tient le même rôle protecteur que le naga, mais son aspect est similaire à celui du dragon chinois.

Les dragons ont toujours été étroitement liés aux anciennes croyances sur les tempêtes, résidant en pleine mer ou autres zones aquatiques.

Pourquoi trouve-t-on toujours des représentations de dragons dans les sanctuaires ? Bête sacrée lié à l’eau, elle est présente au temizuya, où les fidèles se purifient la bouche et les mains en les lavant, et ses représentations sculptées protègent aussi les sanctuaires contre les incendies. Sa présence sur les mikoshi (autel shintoïste portable) indique que ces derniers transportent des êtres qui sont même supérieurs à l’empereur.

Les dragons sont par ailleurs eux-mêmes vénérés dans de nombreux sanctuaires. Les bienfaits qu’ils apportent varient selon les lieux. Ils ont par exemple le pouvoir d’arrêter la pluie ou de la provoquer, mais aussi d’apporter chance, bonne santé et longue vie car la créature représente l’énergie vitale qu’est le « ki ».

Voici donc six sanctuaires associés avec le culte des dragons dans l’archipel nippon.

Le sanctuaire d’Enoshima

(Fujisawa, préfecture de Kanagawa)

Le portail du sanctuaire d’Enoshima est inspiré du Ryûgû-jô, le palais mythique sous-marin de Ryûjin, le dieu dragon de la mer. (Avec l’aimable autorisation du sanctuaire d’Enoshima)
Le portail du sanctuaire d’Enoshima est inspiré du Ryûgû-jô, le palais mythique sous-marin de Ryûjin, le dieu dragon de la mer. (Avec l’aimable autorisation du sanctuaire d’Enoshima)

Le sanctuaire d’Enoshima se trouve sur l’île d’Enoshima, un site touristique populaire le long de la côte de Shônan. Ce lieu de pèlerinage très prisé depuis l’époque d’Edo (1603-1868) est dédié à la déesse Benzaiten qui apporte la sagesse et la richesse.

Selon la légende, le sanctuaire aurait été créé au VIe siècle par une jeune fille céleste, incarnation de Benzaiten (ou Benten). À l’époque, un dragon à cinq têtes faisait des ravages autour de Kamakura. Benzaiten réussit à mater le dragon en lui proposant de l’épouser, et l’île d’Enoshima naquit de cet épisode. Benzaiten est vénérée dans le Hôan-den, et le dragon est vénéré à Wadatsumi no Miya, un sanctuaire à l’intérieur de l’enceinte.

Le sanctuaire de Wadatsumi no Miya est situé au-dessus de la grotte où le dragon a cinq têtes aurait vécu. (© Shibuya Nobuhiro)
Le sanctuaire de Wadatsumi no Miya est situé au-dessus de la grotte où le dragon a cinq têtes aurait vécu. (© Shibuya Nobuhiro)

Le sanctuaire de Kuzuryû

(Hakone, préfecture de Kanagawa)

(G) Le « portique torii de la paix » du sanctuaire de Hakone, un site très prisé des touristes. (D) Le « torii flottant » près de l’embarcadère des bateaux de plaisance. (© Pixta)
(G) Le « portique torii de la paix » du sanctuaire de Hakone, un site très prisé des touristes. (D) Le « torii flottant » près de l’embarcadère des bateaux de plaisance. (© Pixta)

Facile d’accès depuis Tokyo, la station thermale de Hakone est le site du sanctuaire de Hakone, au bord du lac Ashi. Les touristes sont nombreux à photographier son grand portique torii écarlate faisant face au mont Fuji.

Le sanctuaire principal de Kuzuryû est situé dans une forêt à trois kilomètres au nord-ouest du portique. L’atteindre nécessite une trentaine de minutes depuis l’arrêt de bus ou du parking le plus proche. Cependant, le treizième jour de chaque mois, un bateau spécial est affrété de l’embarcadère de Moto-Hakone pour transporter les fidèles qui souhaitent être présents pour le Tsukinami-sai, un célèbre rituel shintô.

Il est dit que la divinité du sanctuaire, Kuzuryû Ôkami (le grand dieu dragon à neuf têtes) terrorisait la population, mais il fut amadoué par un prêtre de haut rang et devint le protecteur du lac Ashi.

Le pavillon des ablutions (temizuya) au sanctuaire de Kuzuryû. L’eau sacrée qui coule des neuf têtes de dragon est censée laver toutes les impuretés. (© Shibuya Nobuhiro)
Le pavillon des ablutions (temizuya) au sanctuaire de Kuzuryû. L’eau sacrée qui coule des neuf têtes de dragon est censée laver toutes les impuretés. (© Shibuya Nobuhiro)

Le sanctuaire de Setabashi Ryûgû-Hidesato

(Ôtsu, préfecture de Shiga)

Le pont de Seta no Karahashi figure dans une légende du palais du roi dragon. (© Shibuya Nobuhiro)
Le pont de Seta no Karahashi figure dans une légende du palais du roi dragon. (© Shibuya Nobuhiro)

Le lac Biwa, le plus grand du Japon, est aussi le foyer d’un roi dragon dont il est dit que le palais se trouverait sous le pont Seta no Karahashi. Tourmenté par un mille-pattes géant qui habitait une montagne voisine, il demanda l’aide de Fujiwara no Hidesato, un samouraï de passage qui réussit à s’en débarrasser. Pour le remercier, le roi dragon lui offrit de merveilleux trésors.

Cette légende figure dans le Taiheiki, une chronique sur l’histoire du Japon au XIVe siècle. Le roi dragon et Hidesato sont tous les deux vénérés au sanctuaire de Setabashi Ryûgû-Hidesato, situé à l’une des extrémités du pont. Ce lieu est méconnu des touristes.

(G) Le sanctuaire en question, situé à l’extrémité est du pont. (D) Le pavillon de prière où sont vénérés le roi dragon et Hidesato. (Avec l’aimable autorisation du sanctuaire de Setabashi Ryûgû-Hidesato)
(G) Le sanctuaire en question, situé à l’extrémité est du pont. (D) Le pavillon de prière où sont vénérés le roi dragon et Hidesato. (Avec l’aimable autorisation du sanctuaire de Setabashi Ryûgû-Hidesato)

Le sanctuaire de Tsukubusuma

(Nagahama, préfecture de Shiga)

Le sanctuaire de Tsukubusuma, sur le rivage du lac Biwa. (© Shibuya Nobuhiro)
Le sanctuaire de Tsukubusuma, sur le rivage du lac Biwa. (© Shibuya Nobuhiro)

L’île de Chikubu, sur le lac Biwa est, tout comme Enoshima, associée à Benzaiten, la déesse de l’eau et des arts. La tradition veut qu’elle apparaisse parfois sous la forme d’une jeune fille céleste qui exauce les vœux, et parfois sous la forme d’un dragon divin qui protège le pays.

Le sanctuaire de Tsukubusuma (aussi appelé sanctuaire de Chikubushima) est dédié à Benzaiten et au dragon divin. Le lieu de culte du dragon divin est un portique torii situé sur un promontoire qui s’avance dans le lac.

Il n’est pas possible d’accéder à ce portique, mais, à partir d'un endroit surélevé derrière lui, les visiteurs peuvent essayer de lancer un disque d’argile appelé kawarake et le faire passer à travers la structure. La chance accompagnera ceux qui réussissent. (© Shibuya Nobuhiro)
Il n’est pas possible d’accéder à ce portique, mais, à partir d’un endroit surélevé derrière lui, les visiteurs peuvent essayer de lancer un disque d’argile appelé kawarake et le faire passer à travers la structure. La chance accompagnera ceux qui réussissent. (© Shibuya Nobuhiro)

Le sanctuaire de Ryûketsu

(Uda, préfecture de Nara)

Un pont en arche pittoresque sur la rivière Murô, près du sanctuaire de Ryûketsu. (© Shibuya Nobuhiro)
Un pont en arche pittoresque sur la rivière Murô, près du sanctuaire de Ryûketsu. (© Shibuya Nobuhiro)

La montagne qui se situe de l’autre côté de la rivière Murô abrite de nombreuses « grottes du dragon » (ryûketsu), où certaines de ces créatures sont censées vivre. Lors des périodes de sécheresse, la cour impériale à Kyoto faisait parvenir des messages jusqu’aux entrées de ces caves, priant qu’il pleuve.

L’une de ces grottes, appelée Kisshô Ryûketsu, est protégée par le sanctuaire de Ryûketsu. La présence de deux grands cryptomères aux racines enchevêtrées en font un lieu bénéfique pour ceux qui recherchent l’amour.

(G) Le pavillon principal du sanctuaire de Ryûketsu. (D) La grotte de Kisshô Ryûketsu, à 30 minutes de marche. (Avec l’aimable autorisation du sanctuaire de Ryûketsu)
(G) Le pavillon principal du sanctuaire de Ryûketsu. (D) La grotte de Kisshô Ryûketsu, à 30 minutes de marche. (Avec l’aimable autorisation du sanctuaire de Ryûketsu)

Le sanctuaire d’Ebara

(Shinagawa, Tokyo)

Le sanctuaire d’Ebara attirait les grands guerriers du passé pour qu'il exauce leurs souhaits. (© Shibuya Nobuhiro)
Le sanctuaire d’Ebara attirait les grands guerriers du passé pour qu’il exauce leurs souhaits. (© Shibuya Nobuhiro)

Des sanctuaires dédiés aux dragons peuvent de même s’apercevoir dans les agglomérations. Celui d’Ebara, situé dans le quartier de Shinagawa, à Tokyo, aurait été édifié en 709 et abriterait l’esprit divin d’un dragon vivant dans un sanctuaire du mont Yoshino, à Nara. Il est réputé pour avoir exaucé les vœux de victoire du clan des Minamoto pendant la période de Heian (795-1185) ainsi que ceux de Tokugawa Ieyasu (1543-1616).

La représentation du dieu dragon du sanctuaire d'Ebara est assez unique au Japon. Il observe les pèlerins depuis le toit. (© Shibuya Nobuhiro)
La représentation du dieu dragon du sanctuaire d’Ebara est assez unique au Japon. Il observe les pèlerins depuis le toit. (© Shibuya Nobuhiro)

(Photo de titre avec l’aimable autorisation du sanctuaire d’Enoshima)

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