L’année en japonais

Les mots de l’année 2022

Le japonais

Comme tous les ans, le palmarès des dix mots ou expressions qui ont le plus marqué l’année au Japon ainsi que le mot gagnant pour 2022 ont été dévoilés au mois de décembre. L’heureux élu est « Mura-kami-sama », une formule liée au baseball et qui secoue un peu une humeur morose.

Les néologismes et mots à la mode de l’année étaient majoritairement caractérisés par l’ombre du coronavirus. Et les événements inquiétants n’ont pas manqué : invasion de l’Ukraine par la Russie, dépréciation historique du yen, inflation, assassinat de l’ancien Premier ministre Abe Shinzô, problème de la secte Moon… Dans ce contexte, c’est une expression positive, qui fait l’éloge des joueurs de baseball, qui a été élue « mot de l’année 2022 ».

La maison d’édition Jiyû Kokumin-sha publie tous les ans un recueil de néologismes très attendu, intitulé « Notions de base sur la terminologie contemporaine » (Gendai yôgo no kiso chishiki), où figurent les mots qui ont le plus marqué l’année dans tous les domaines.

Pour la deuxième année consécutive, c’est une expression liée au baseball qui a été primée (voir les mots de l’année 2021).

Grand Prix du mot de l’année : « Mura-kami-sama »

Murakami Munetaka, joueur de champ intérieur des Yakult Swallows, est devenu à 22 ans le plus jeune joueur de l’histoire du baseball japonais à remporter la triple couronne de la Central League, en frappant 5 coups de circuit en 5 matchs avec le 56e tour de circuit de sa carrière, battant le record de Oh Sadaharu qui datait de 58 ans. Le jeune batteur, qui a conduit les Swallows à leur deuxième titre consécutif de champion de la Central League a été surnommé par les fans « Mura-kami-sama », qui fait en même temps jeu de mot avec « kami-sama », qui signifie « mon seigneur divin ». Pour beaucoup de fans, c’est en effet un véritable dieu du baseball qui s’est retrouvé devant eux !

Le top-10

Kiiu (« Kyiv »)

Le 30 mars dernier, par solidarité avec l’Ukraine attaquée par la Russie, le gouvernement japonais a décidé de modifier la translittération du nom de la capitale de façon à la rendre fidèle à la prononciation dans la langue de ce pays. Kiev (« Kiefu » en japonais), est ainsi devenu « Kyiv » (« Kiuu » en japonais). La plupart des médias nippons ont suivi le mouvement. De même, Tchernobyl est devenu Tchornobyl.

(Article lié : Le président Zelensky remercie le Japon d’appeler la capitale de l’Ukraine « Kyiv » et non « Kiev »)

Kitsune Dance (« La danse des renards »)

Danse d’encouragement des Nippon Ham Fighters (une équipe de base ball de la Pacific League), reprise par les supporters dans les tribunes, sur la musique de The Fox, des Ylvis, un duo de frères norvégiens. Le rythme addictif et les sourires des cheerleaders déguisées avec oreilles et queue de renard sont irrésistibles.

Kokusô-gi (« Rite funéraire d’État »)

Les décrets de funérailles nationales qui datait de 1926 ont été aboli après-guerre, et il n’existe actuellement aucune disposition légale régissant les funérailles nationales. Par conséquent, l’ancien Premier ministre Abe Shinzô assassiné n’a pas eu de « funérailles nationales » à proprement parler mais un « rite funéraire d’État », une cérémonie nationale menée par le gouvernement.

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Shûkyô ni-sei (« Seconde génération dans la religion »)

Terme désignant les enfants élevés par des parents qui ont intégré une secte. L’expression était employée sur les réseaux sociaux depuis les années 2010 par les enfants qui veulent se dégager du lavage de cerveau qu’ils ont subi de la part de certains parents adeptes de groupes religieux. Le terme a suscité une attention générale après de l’assassinat de l’ancien Premier ministre Abe Shinzô. L’homme qui a mortellement tiré sur lui, Yamagami Tetsuya, avait expliqué qu’il entretenait de la rancœur envers la secte Moon, une organisation religieuse d’origine sud-coréenne implantée également au Japon, et à laquelle Abe Shinzô avait selon lui été lié.

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Shiran kedo (« J’en sais rien, mais... »)

Expression du dialecte du Kansai pour dire quelque chose sans prendre la responsabilité de l’affirmation. L’expression s’est répandue dans tout le pays pour éviter de faire des déclarations définitives.

Sma-ho shoulder (« Smartphone en bandoulière »)

La tendance à porter son smartphone en bandoulière, notamment chez les jeunes, a donné naissance à toute une gamme de nouveaux produits, lanières, pochettes et holsters pour ces portables.

Temae-dori (« Je prends le premier qui vient »)

Dans les supermarchés, les produits dont la date d’expiration est courte sont généralement placés à l’avant du rayon. C’est cas du lait ou du tofu, par exemple. Ce qui invite certaines personnes à prendre volontairement les produits cachés derrière. Un appel a été lancé pour que les consommateurs prennent le premier produit du rayon, dans l’ordre de leur rangement, dans un esprit de diminution du gaspillage alimentaire.

Yakult 1000 (« Yakult 1000 »)

La boisson probiotique Yakult 1000 est en rupture de stock quasiment depuis son lancement en avril 2021. Dosée à 100 milliards de souches de Lactobacillus Shirota, Yakult 1000 est censée soulager les tensions et favoriser un sommeil de qualité. Un concept attractif pour la société du stress… Enfin, sauf que les restrictions à l’achat mises en place par les supermarchés pour gérer leurs stocks ne favorisent pas vraiment la relaxation pour les consommateurs qui en cherchent…

Warui en-yasu (« La mauvaise dépréciation du yen »)

Pour la première fois depuis août 1990 (32 ans), le yen est retombé à 150 yens pour 1 dollar américain. La Banque du Japon entend poursuivre sa politique d’assouplissement différentiel, ce qui provoque un affaiblissement du yen en raison de l’écart des taux d’intérêt avec le reste du monde. Jusqu’à présent, une dépréciation du yen avait des conséquences positives car elle était synonyme d’augmentation des exportations. Mais ce n’est plus le cas. La hausse des prix des denrées alimentaires, du carburant et autres produits de base exerce une pression sur la vie des gens. Malgré quelques mesures marginales de compensation, l’ironie de la situation est que cela rend difficile les voyages à l’étranger.

Parmi les expressions qui n’ont pas atteint le top-10 figuraient Intimacy-coordinator (« Coordinateur d’intimité ») et kao-pants (« culotte faciale », une métaphore cryptique qui suggère que l’idée d’enlever son masque serait aussi embarrassante que d’enlever sa culotte ou son caleçon en public. Voir notre article lié).

Prix Spécial du Jury

Seishun-te, sugoku mitsu nanode (« La jeunesse, c’est le contact... »)

Mots tirés d’un interview de l’entraîneur du lycée Sendai Ikuei, première équipe de baseball du Tôhoku (nord-est) à remporter le tournoi national d’été des lycéens (le Kôshien). L’expression était un vrai cri d’amour pour ses élèves, sachant que depuis la crise sanitaire, les lycéens en question étaient justement obligés de respecter des mesures de distanciation sociale et donc de faire preuve de patience et d’éviter de trop se coller.

(Photo de titre : le joueur de baseball Murakami Munekata pose avec la mascotte des Yakult Swallows. Jiji Press)

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