Les mots de l’année 2025
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Après délibération d’un comité d’écrivains, de poètes et autres juges, la maison d’édition Jiyû Kokumin-sha publie tous les ans un recueil de néologismes très attendu, intitulé « Notions de base sur la terminologie contemporaine » (Gendai yôgo no kiso chishiki), où figurent les mots (ou expressions) qui ont le plus marqué l’année dans tous les domaines.
Ce classement offre par la même occasion un panorama de l’esprit du temps qui prévaut au sein de la population japonaise.
La première femme qui dirige le Japon démarre sur les chapeaux de roue
Le premier prix cette année est un tandem, que l’on doit à la Première ministre Takaichi Sanae. Il s’agit de la fameuse phrase qu’elle avait prononcée, à savoir « Hataraite, hataraite, hataraite, hataraite, hataraite mairimasu. » (Je m’engage à travailler, travailler, travailler, travailler, travailler), venant de pair avec josei shushô, à savoir littéralement « Premier ministre femme », car la politicienne était en effet devenue la première femme à prendre la tête du gouvernement japonais, le 21 octobre dernier.
Takaichi Sanae, qui a fait son apparition lors de la cérémonie des mots de l’année à Tokyo le 1er décembre pour représenter la phrase gagnante, a été critiquée pour avoir déclaré qu’elle avait l’intention de « mettre fin à l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle » dans son agenda en vue d’obtenir les résultats nécessaires au Japon, et a été mise en cause à la Diète pour avoir forcé son personnel à l’accompagner à 3 heures du matin pour des réunions préparatoires avant d’importantes délibérations parlementaires.
Les dix mots / expressions finalistes, sélectionnés à partir d’une liste de 30 candidats, ont tout englobé, de l’adorable mème (eh-ho eh-ho) à la mascotte cocasse Myaku Myaku, jusqu’à des problèmes domestiques et mondiaux beaucoup plus sérieux, comme les intrusions de plus en plus dangereuses d’ours sauvages dans les villages de tout le territoire, les tarifs douaniers du président Donald Trump et les bouleversements économiques qu’ils ont entraîné, ainsi que les changements climatiques menaçant de laisser le Japon – et en fait une bonne partie du monde – avec seulement niki, soit deux saisons.
Le mot gagnant de 2025
Hataraite, hataraite, hataraite, hataraite, hataraite mairimasu / josei shushô
La première femme Première ministre du Japon, Takaichi Sanae, a exprimé sa volonté de « travailler, travailler, travailler, travailler, travailler » s’attirant les critiques pour envoyer un message en porte-à-faux avec la tendance actuelle du pays visant à trouver un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. (Lire aussi : L’ascension politique de Takaichi Sanae jusqu’au poste de Première ministre du Japon)
Les autres finalistes
Eh-ho eh-ho
La photographie d’un bébé hibou en train de courir, prise en 2021 par la photographe hollandaise Hannie Heere, est devenue un mème au Japon, associé au soupir d’essoufflement eh-ho eh-ho qui y a été ajouté. Cette expression s’est mise à voler de ses propres ailes et elle est devenue un message incontournable sur les réseaux sociaux pour signifier que l’on est pressé.
Old media (vieux médias)
À l’ère du numérique, les journaux et la télévision peuvent être considérés comme de « vieux médias ». Avec une vague croissante d’opinions les considérant comme orientés, les hommes politiques entre autres se tournent vers les réseaux sociaux et les vidéos courtes, mais il y a également de plus en plus de préoccupations concernant le manque de jugement critique des contenus en ligne. (Lire aussi : Les journaux et la télévision considérés comme les sources les plus fiables par les Japonais)
Kinkyû jûryô / kuma higai
Le 1er septembre, une nouvelle loi de « chasse d’urgence » (kinkyû jûryô) a été adoptée pour permettre de tuer, sur décision du maire, les ours, les sangliers et autres animaux dangereux entrés dans les zones de population. Le terme kuma higai fait référence aux dégâts ou aux blessures infligés par les ours, des incidents qui ont été nettement plus fréquents en 2025 que pendant les années normales. (Lire aussi : Le danger des ours au Japon : un expert appelle à réguler leur population)
Kokuhô (mita)
Le film Kokuhô, (titre français Le Maître du Kabuki) est devenu est devenu le film en prise de vues réelles le plus rentable au box-office japonais. Le buzz a été tel que « Avez-vous vu Kokuhô » (Kokuhô (mita) ?) est devenue une question courante. (Lire aussi : « Le Maître du Kabuki » rentre dans l’histoire : le top 10 des films japonais les plus rentables au niveau national)
Kokokomai
Avec la flambée des prix du riz, la mise sur le marché des stocks par le gouvernement a provoqué l’apparition des termes komai (littéralement « vieux riz »), kokomai (« vieux vieux riz) et kokokomai, soit « vieux vieux vieux riz ». Une moisson est considérée comme « vieux riz » à partir du 1er novembre de l’année suivant sa récolte, le terme ko ou « vieux » étant ajouté pour chaque année successive tous les ans. (Lire aussi : Qu’est-ce que le « vieux vieux vieux riz » japonais ?)
Sengo 80 nen/ Shôwa 100 nen
Cette année 2025 commémore les 80 ans depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, et elle aurait été l’année 100 de l’ère charnière Shôwa, commencée en 1926 sous l’appellation « Shôwa 1 ». Les chaînes de télévision, les maisons d’édition et les autres organismes médiatiques ont diffusé en abondance des rétrospectives sur les principaux événements de cette époque et leurs héritages durables. (Lire aussi : L’historique du choix des noms d’ère au Japon)
Trump kanzei
Le Japon était parmi le nombre des partenaires commerciaux des États-Unis frappés par les « tarifs douaniers de Trump », obligeant le gouvernement à se ruer pour négocier un accord afin de réduire l’impact économique, en particulier sur l’industrie automobile. (Lire aussi : L’accord douanier entre Washington et Tokyo est-il réellement « suffisant » ?)
Niki
Un nombre croissant d’experts avertissent que comme les changements climatiques modifient les modèles météorologiques, les quatre saisons (shiki) si appréciées au Japon risquent de se réduire à juste deux (niki), le climat oscillant entre l’hiver et l’été, mettant complètement à l’écart le printemps et l’automne. (Lire aussi : Les 24 divisions de l’année solaire au Japon)
Myaku Myaku
Mascotte officielle de l’Exposition universelle de 2025 qui s’est tenue à Osaka, cette figurine colorée a commencé par être vue comme un personnage bizarre, voire effrayant, mais a réussi à conquérir les cœurs des visiteurs de l’exposition pour devenir l’un des yurukyara (figurines mascottes) les plus populaires récemment, conduisant à des ventes substantielles de souvenirs. (Lire aussi : Expo universelle d’Osaka 2025 : qui est l’étrange Myaku-Myaku ?)
(Photos de titre : [de gauche à droite, de haut en bas] : la Première ministre japonaise Sanae Takaichi arrive à Gimhae, en Corée du Sud, le 30 octobre [© Lee Young Ho/Sipa USA via Reuters Connect] ; s’exprime à la Chambre des conseillers le 6 novembre [© Kazuki Oishi/Sipa USA via Reuters Connect] ; apparaît aux côtés du président Donald Trump à Yokosuka le 28 octobre [Reuters] ; assiste à une séance plénière du sommet des dirigeants du G20 à Johannesburg, en Afrique du Sud, le 22 novembre [© Misper Apawu/pool, via Reuters] ; avec le Premier ministre indien Narendra Modi à Johannesburg le 23 novembre [© DPR PMO/ANI Photo, via Reuters Connect].)