Les 24 divisions de l’année solaire au Japon

« Seimei » : pureté et clarté

Vie quotidienne Tradition

Baignée dans le doux soleil du printemps, la nature toute entière semble déborder de vitalité. C’est le signal de l’arrivée de la lumineuse saison appelée Seimei, du 5 au 19 avril, selon le calendrier solaire.

Seimei (pureté et clarté) est la période où le printemps bat son plein, tandis que toutes les plantes et les créatures semblent resplendir dans la lumière du soleil. Cette saison commence le 5 avril selon le calendrier moderne. Le Koyomi binran (1787), un condensé du calendrier traditionnel, nous informe que le nom de cette saison provient d’une ancienne expression, seijô meiketsu, employée pour évoquer un état où toutes les choses sont pures et lumineuses. Les cerisiers, les magniolas à fleurs de lis et les cornouillers à fleurs sont en floraison, les oiseaux chantent et la brise est rafraîchissante.

Cet article va se pencher sur les événements et les phénomènes naturels qui jalonnent la période allant approximativement du 5 au 19 avril.

Hana-ikada (radeaux de fleurs de cerisiers)

Les pétales des cerisiers peuvent tomber dans des mares ou des cours d’eau, où ils se rassemblent et forment des « radeaux ». Hana-ikada, ou « radeau de fleurs de cerisiers » est une expression poétique qui fait allusion à la fin du printemps, un kigo (mot saisonnier) utilisé à cette époque de l’année dans des contextes tels que le haïku et la cérémonie du thé. Chidorigafuchi, qui longe les douves du palais impérial, à Tokyo, et les douves du château de Hirosaki, dans la préfecture d’Aomori, sont célèbres pour leurs hana-ikada.

Hana-ikada sur les douves du château de Hirosaki pendant le festival des fleurs de cerisiers.
Hana-ikada sur les douves du château de Hirosaki pendant le festival des fleurs de cerisiers.

Hanamizuki (cornouiller à fleurs)

Le cornouiller à fleurs est arrivé au Japon sous la forme d’un cadeau expédié à Tokyo depuis Washington en remerciement pour les plants de cerisiers à fleurs envoyés par Tokyo en 1912. Les arbres, originaires d’Amérique du Nord, plantés dans le parc Hibiya, se sont ensuite répandus sur tout le territoire du Japon. Ils fleurissent à partir de la fin de la saison des fleurs de cerisiers.

Cornouiller à fleurs
Cornouiller à fleurs

Hana-matsuri (8 avril)

Le mot hana-matsuri (festival des fleurs) est couramment utilisé au Japon pour désigner l’anniversaire du Bouddha, aussi appelé Kanbutsue. Les temples exposent de petites statues du Bouddha debout ornées de fleurs. Les fidèles versent du amacha (infusion d’hydrangea) sur les statues pour « baigner » le Bouddha.

Le hana-matsuri, dédié à la célébration de l’anniversaire du Bouddha
Le hana-matsuri, dédié à la célébration de l’anniversaire du Bouddha

Shiohigari (ramassage de coquillages)

Les jours de grandes marées, à marée basse, les gens se rendent sur les grandes plages pour ramasser des palourdes asari et hamaguri à l’aide de râteaux en fer. Cette coutume est particulièrement prisée des familles ayant de jeunes enfants.

Cette époque de l’année est idéale pour le ramassage des coquillages, du fait de la plus grande amplitude des marées dans la journée. Les asari étant de saison au printemps et en automne, ils sont charnus et savoureux à cette époque. Ils sont délicieux cuits à la vapeur de saké, bouillis avec du riz ou préparés en spaghettis alle vongole, en précisant toutefois qu’il convient de faire tremper les palourdes dans de l’eau salée avant de les cuire, pour éliminer le sable.

Des familles s’adonnant au ramassage des palourdes à la plage (à gauche) (© Photo Library) et spaghettis alle vongole.
Des familles s’adonnant au ramassage des palourdes à la plage (à gauche) (© Photo Library) et spaghettis alle vongole.

Hatsugatsuo (première bonite)

Les Japonais ont commencé à manger le katsuo (bonite) cru à l’époque d’Edo (1603-1868). Ce poisson, qui est de saison deux fois par an, est appelé hatsugatsuo (première bonite) au printemps et en été, et modorigatsuo (bonite qui revient) en automne. Du fait de sa saveur fraîche, le hatsugatsuo est excellent servi en tataki, grillé brièvement à forte chaleur. La méthode consistant à le griller en surface a, semble-t-il, été adoptée afin de prévenir les empoisonnements alimentaires. Pendant des siècles, on a aussi employé du katsuo séché, puis découpé en filaments, pour obtenir du katsuobushi, un ingrédient de base du bouillon dashi, utilisé dans de nombreuses recettes japonaises.

Katsuo (à gauche) et katsuo tataki grillé servi avec de la sauce de soja, de l’ail et des poireaux negi.
Katsuo (à gauche) et katsuo tataki grillé servi avec de la sauce de soja, de l’ail et des poireaux negi.

Les hirondelles

Les hirondelles migrent au Japon en avril, après avoir passé l’hiver dans des pays plus chauds du sud lointain. On dit qu’elles construisent leurs nids à proximité des hommes pour se protéger des prédateurs. Il existe une croyance au Japon selon laquelle la présence d’un nid d’hirondelles sur une maison est de bon augure, et qu’elle est un gage de réussite dans les affaires et de continuité de la lignée familiale.

Hirondelles nichant sur une maison
Hirondelles nichant sur une maison

Les pissenlits

Les pissenlits sont des fleurs vigoureuses, qu’on rencontre fréquemment dans les fissures du béton. Au Japon, il y a des espèces indigènes et des espèces exotiques. Les variétés indigènes ont besoin d’être pollinisées par les abeilles ou d’autres insectes, et elles ne fleurissent que du mois de mars au mois de mai.

Pissenlits japonais indigènes
Pissenlits japonais indigènes

Hatsu-niji (premier arc-en-ciel)

Le mot hatsu-niji désigne le premier arc-en-ciel apparu après le début du printemps. Bien que niji, ou « arc-en-ciel », soit un terme saisonnier associé à l’été, le mot hatsu-niji est utilisé à la fin du printemps.

Un arc-en-ciel au-dessus du quartier de Minatomirai, à Yokohama
Un arc-en-ciel au-dessus du quartier de Minatomirai, à Yokohama

L’udo et l’asperge

L’udo et l’asperge sont tous deux de saison à cette époque de l’année. La culture de l’udo se pratique depuis l’époque d’Edo. Les extrémités sont appréciées dans la tempura, tandis qu’on frit les tiges pour préparer le kinpira, à moins qu’on préfère les bouillir et les assaisonner de moutarde, de vinaigre et de miso.

L’asperge a été introduite au Japon à l’époque d’Edo. On dit qu’elle est similaire à l’udo. Il en existe des variétés vertes, blanches et pourpres.

Udo (à gauche) et trois variétés d'asperges : vertes, blanches et pourpres
Udo (à gauche) et trois variétés d’asperges : vertes, blanches et pourpres

Le hotaru-ika (encornet luisant)

Doté d’un corps long de cinq à sept centimètres, le hotaru-ika (encornet luisant) émet une lumière bleue provenant d’un organe bioluminescent. Il vit en eau profonde, entre 200 et 600 mètres sous la surface de la mer. Vers la fin de sa vie, il se rapproche du rivage pour pondre, puis il meurt peu après et les vagues le rejettent sur la plage. Du mois de janvier au mois de mai, on en trouve de grandes quantités dans la baie de Toyoma, et le spectacle ainsi produit est considéré comme un monument naturel spécial. Le hotaru-ika a une chair ferme, mais tendre et non dénuée de douceur. On peut le manger en sashimi ou saumuré dans de la sauce soja.

Bancs de hotaru-ika luisants dans la baie de Toyama (à gauche) et hotaru-ika servis en sahimi
Bancs de hotaru-ika luisants dans la baie de Toyama (à gauche) et hotaru-ika servis en sahimi

(Photo de titre : coccinelle sur un pissenlit. Toutes les photos : Pixta, sauf mention contraire)

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