L’année en japonais

Les mots de l’année 2020 au Japon

Société Le japonais

Comme tous les ans, le palmarès des dix mots ou expressions qui ont le plus marqué l’année au Japon ainsi que le mot gagnant pour 2020 ont été dévoilés au mois de décembre. La première place du classement est revenue à « san mitsu », c’est-à-dire les « trois configurations » à éviter à tout prix pour ne pas risquer une infection au Covid-19. Le résultat n’a surpris personne, 2020 ayant été avant tout marqué par la pandémie de coronavirus. Quels sont les autres mots champions ?

Les mesures de distanciation sociale en tête du classement

La maison d’édition Jiyû Kokumin-sha publie tous les ans un recueil de néologismes très attendu, intitulé « Notions de base sur la terminologie contemporaine » (Gendai yôgo no kiso chishiki), où figurent les mots qui ont le plus marqué l’année dans tous les domaines. Au début du mois de novembre 2020, elle a sélectionné trente termes et expressions en tant que candidats pour le « mot nouveau de l’année ».

Un mois plus tard, elle a annoncé que c’est san mitsu qui l’avait emporté. Mitsu signifie « étroit » et san, « trois ». San mitsu désigne donc trois configurations étroites à éviter afin d’enrayer la propagation du coronavirus (règle des 3C). C’est à dire les lieux « clos » (mippei, 密閉), les espaces « combles » envahis par la foule (misshû, 密集), et les « contacts rapprochés » (missetsu, 密接). Ces trois termes contiennent justement le caractère mitsu 密.

Le respect de la règle des 3C a fait également l’objet de la plus grande attention dans le reste de la planète. Il a en effet été fortement recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en tant que mesure préventive contre la contamination par le Covid-19.

Notons par ailleurs un autre concours qui a eu lieu au Japon, celui de l’idéogramme, ou kanji, représentant le mieux l’année, choisi par un vote public. Le vainqueur 2020 a sans surprise été le caractère mitsu 密 (voir notre article lié).

Les neuf autres finalistes du « mot de l’année » 2020

Ai no fujichaku (le titre d’un drama coréen)

Ai no fujichaku peut se traduire littéralement par « atterrissage d’urgence dans ton cœur », Crash Landing on You » en anglais. L’expression est la traduction en japonais de Sarangui Bulsichak, une série télévisée sud-coréenne distribuée par Netflix qui a eu un énorme succès. Elle raconte l’histoire d’amour impossible d’un officier de l’armée nord-coréenne et d’une riche héritière doublée d’une femme d’affaires sud-coréenne. Au Japon, on considère que Ai no fujichaku fait partie intégrante de « la quatrième vague coréenne » constituée de films, de séries télévisées et de musique pop qui s’est abattue sur le pays.

Atsumori (le jeu Animal Crossing sur Switch)

Atsumori est un mot-valise qui désigne la septième version du jeu de simulation Animal Crossing lancé par Nintendo sur sa console Switch en mars 2020, peu de temps avant que le gouvernement japonais proclame l’état d’urgence sanitaire et demande aux habitants de l’Archipel de rester chez eux. Le nom japonais complet est Atsumare : dôbutsu no mori, contracté donc en Atsumori. Ce jeu a reçu un accueil enthousiaste de la part du public. Il a en effet servi de passe-temps favori à de nombreuses personnes pendant la période pour le moins difficile du confinement.

Article lié

Abenomask  (les masques sanitaires d’Abe Shinzô)

Le mot Abenomask (ou Abe no mask, littéralement « les masques d’Abe ») fait référence à la fois à la politique économique (Abenomics) de l’ancien Premier ministre Abe Shinzô et aux millions de masques en tissu distribués gratuitement en période de pénurie aux habitants de l’Archipel au début de la pandémie, à l’initiative du dirigeant japonais. Les Abenomask ont fait l’objet de vives critiques en raison d’une mauvaise organisation dans le choix des priorités, de dépenses gigantesques, de retards de livraison, et de la taille des masques, qui était jugée trop petite.

Article lié

Amabie (une créature folkorique japonaise)

Une des conséquences les plus surprenantes de l’épidémie de Covid-19 a été le regain soudain de popularité d’Amabie, une des innombrables entités surnaturelles du folklore japonais (yôkai) qui sont censées peupler l’Archipel. D’après la légende, cette étrange créature dotée d’une longue chevelure, d’un bec d’oiseau, d’un corps couvert d’écailles de poisson et de trois pattes serait sortie des mers au XIXe siècle pour expliquer, entre autres, que son image avait le pouvoir de protéger des épidémies. Et c’est pourquoi elle a fait son apparition un peu partout en 2020, y compris sous la forme de confiseries traditionnelles japonaises (wagashi).

Articles liés

Représentation traditionnelle d’Amabie, une créature fantastique (yôkai) censée avoir le pouvoir d’écarter les épidémies. Le temple zen Myôkakuji d’Akita, dans la préfecture du même nom, propose à ses visiteurs cette sorte d’amulette dessinée à l’encre de Chine et ornée de sceaux à l’encre rouge, en guise de protection contre le coronavirus. (©︎ Jiji)
Représentation traditionnelle d’Amabie, une créature fantastique (yôkai) censée avoir le pouvoir d’écarter les épidémies. Le temple zen Myôkaku-ji d’Akita propose à ses visiteurs cette sorte d’amulette dessinée à l’encre de Chine et ornée de sceaux à l’encre rouge, en guise de protection contre le coronavirus. (©︎ Jiji)

Online (toutes sortes d’activités en ligne)

Grâce à Zoom et à d’autres entreprises de services de téléconférence, des activités qui avaient lieu jusque-là en direct ont pu se dérouler en ligne, en particulier les consultations médicales (online-shinryô), les cours (online-jugyô), les réunions de travail (online-kaigi), les rencontres familiales et même les soirées entre amis bien arrosées (online-nomikai).

Articles liés

Kimetsu no yaiba (le manga à succès de l’année)

Demon Slayer : Kimetsu no yaiba est le titre d’un manga conçu et dessiné par Gotôge Koyoharu qui a eu un succès phénoménal au Japon, avec plus de 120 millions d’exemplaires vendus. Des fans de tous les âges ont repris à leur compte des phrases culte de ses personnages. Kimetsu no yaiba est paru en fançais sous le titre Demon Slayer (éditions Panini manga).

L’adaptation pour la télévision diffusée au Japon à partir de mars 2020 a fait elle aussi un carton. Quant au film d’animation sorti dans les salles de l’Archipel le 16 octobre 2020, il a battu tous les records du box office en rapportant plus de 20 milliards de yens (environ 160 millions d’euros). Il devrait être projeté en France au cours du premier trimestre 2021 sous le titre « Le train de l’infini ».

Avant de devenir un film d’animation, Kimetsu no yaiba est paru sous la forme d’un manga dont on voit deux exemplaires ci-dessus. Il a eu un tel succès qu’à un moment donné, il a occupé les vingt-deux premières places du classement des meilleures ventes de mangas. Paru en France en 2017 aux éditions Panini manga sous le titre « Les rôdeurs de la nuit », Kimetsu no yaiba a ensuite fait l’objet d’une adaptation au cinéma en octobre 2020. La sortie dans les salles de la version française de ce film d’animation intitulée « Le train de l’infini » est prévue pour début de l’année 2021. (Jiji Press)
Avant de devenir un film d’animation, Demon Slayer est paru sous la forme d’un manga dont le dernier tome, le numéro 23, est sorti sur l’Archipel le 4 décembre dernier. (Jiji Press)

Article lié

GoTo campaign (programme de tourisme national à prix réduit)

Pour relancer l’économie nippone frappée de plein fouet par la première vague de l’épidémie de Covid-19, le gouvernement japonais a lancé une campagne en faveur des voyages à l’intérieur du pays à laquelle il a donné le nom de « Go To Travel ». Ce programme prévoyant des subventions partielles des frais engagés en matière de transport, d’hébergement, de restauration, d’achats dans les boutiques et d’attractions a débuté le 22 juillet dernier. Mais il a fait l’objet de vives critiques en raison de différents abus et de préoccupations d’ordre sanitaire concernant la propagation du coronavirus.

Solo camp (camping en solitaire)

En 2020, le « camping en solitaire » (solo camp) a fait partie des pratiques favorites des Japonais pour profiter pleinement de la nature tout en respectant les règles de distanciation sociale. Avant la pandémie, ce type d’activité de plein air avait déjà un succès grandissant à cause notamment des vidéos mises en ligne sur YouTube par l’humoriste Hiroshi. Celui-ci, loin de se contenter de relater ses aventures en pleine nature, vante également les mérites du « camping glamour » (glamping) qui va de pair avec un hébergement confortable et la haute cuisine. Et ce faisant, il a attiré les touristes les plus fortunés dans des zones encore sauvages de l’Archipel.

Article lié

Fuwa-chan (une youtubeuse japonaise)

Fuwa-chan est le pseudonyme de l’humoriste Fuwa Haruka, une jeune femme hyper active reconnaissable à ses deux couettes ainsi qu’aux vibrantes couleurs fluo et à la brassière de sport qu’elle arbore dans la plupart des cas. Ses prestations sur YouTube pendant l’année 2020 ont été hautement appréciées par tous les médias. Et Fuwa-chan a brillamment réussi à passer du statut de vidéaste web à celui de star de programmes de télévision allant du comique à l’info-divertissement.

(Photo de titre : Koike Yuriko, gouverneure de Tokyo, demande aux journalistes de se tenir à distance. Les contacts rapprochés font partie des « trois configurations resserrées » (san mitsu) à éviter à tout prix pendant l’épidémie de coronavirus. Jiji Press)

japonais mot